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Mort de George Floyd : le plaquage ventral, une technique décriée mais pratiquée en France

La mort de George Floyd aux États-Unis résonne particulièrement en France pour les proches d'Adama Traoré, mort après son interpellation il y a bientôt quatre ans. 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des manifestants à Paris le 2 juin en soutien aux proches d'Adame Traoré.  (S?BASTIEN MUYLAERT / MAXPPP)

Le plaquage ventral, à l'origine de la mort de George Floyd aux États-Unis, suscite fréquemment la polémique. En France, la famille d'Adama Traoré, mort après son interpellation il y a bientôt quatre ans, estime que les deux affaires sont similaires dans la mesure où le plaquage au sol a été utilisé dans le Val d'Oise en 2016 comme à Minneapolis le mois dernier.

Cependant, pour Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat SGP Police-FO, ce n’est pas comparable : "La technique qui a été utilisée par le policier qui a tué George Floyd a été unanimement condamnée par les policiers français et elle est interdite en France. Elle n’a rien à voir avec l’affaire Adama Traoré, ce n’est pas du tout la même chose", a-t-elle affirmé sur franceinfo. C'est plutôt faux et la cellule Vrai du faux vous explique pourquoi. 

Le plaquage autorisé mais encadré en France 

La technique du plaquage ventral est bien autorisée en France, elle est même enseignée à l’école de police, mais cette technique est encadrée. Concrètement, lors d’une interpellation, un policier peut allonger au sol sur le ventre un individu mais pour un laps très limité. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) précise dans une note interne de 2008, présente dans des travaux parlementaires, que "la compression sur le thorax ou l’abdomen doit être la plus courte possible". En clair, juste le temps de menotter le suspect. C'est là la différence avec les États-Unis, où George Floyd est mort après avoir été maintenu au sol pendant plus de huit minutes alors qu’il était déjà menotté. 

Pour autant, cette technique est fortement décriée. Plusieurs ONG comme Amnesty international ont déjà alerté sur les dangers parfois mortels du plaquage ventral. Ils expliquent que cette position empêche de bien respirer. "Toute pression exercée dans le dos de la personne qui se trouve dans cette position accroît encore la difficulté à respirer, écrit l'ONG dans un rapport publié en 2011. Lorsque l'on manque d'oxygène, la "réaction naturelle" consiste à se débattre encore plus. Face à cette agitation, un agent de la force publique aura tendance à exercer une pression ou une compression supplémentaire afin de maîtriser la personne, compromettant davantage encore ses possibilités de respirer". 

La France déjà condamnée

Dans un rapport, l’association des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) dit avoir recensé huit décès en dix ans (2005-2016) dans notre pays après des interpellations qui utilisaient ces techniques d’immobilisation. La France a aussi été condamnée deux fois ces dernières années pour des affaires similaires par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). 

Certains pays, comme la Belgique ou la Suisse, et les villes de New York et Los Angeles aux États-Unis, ont renoncé à ces pratiques. Ce n’est pour l’instant pas le cas de la France. Un projet de loi a été déposé il y a plusieurs mois par La France Insoumise pour faire interdire ces techniques d’immobilisation. 

  

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