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Le vrai du faux. Les Français rognent-ils sur leurs dépenses d'alimentation pour se payer des téléphones portables ou des vacances, comme le dit Arnaud Rousseau ?

D'après le nouveau président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) Arnaud Rousseau, les Français ont réduit leurs dépenses alimentaires et préfèrent s'offrir des téléphones portables ou des vacances.
Article rédigé par Mathilde Bouquerel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le nouveau président de la FNSEA Arnaud Rousseau à Angers le 30 mars 2023. (LOIC VENANCE / AFP)

L'inflation semble enfin marquer le pas en France au mois de juillet, après deux ans de crise au cours desquels les prix de l'alimentation ont augmenté de 18,4% selon l'Insee. Pourtant, toujours selon l'Institut national de la statistique, les dépenses alimentaires des Français n'ont augmenté que de 4,2% sur cette même période. Mais cela n'étonne pas Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles. "C'est souvent l'alimentation qui est la variable d'ajustement, affirme-t-il, Ce qu'on observe, c'est que des gens préfèrent utiliser leurs moyens pour un téléphone portable, pour prendre quelques jours de vacances, ce que je comprends bien évidemment."

La première partie de cette affirmation est vraie et la deuxième est fausse. La part de budget que les Français accordent à leur alimentation a effectivement beaucoup diminué depuis 60 ans. D'après l'Insee, en 1961, l'alimentation, les boissons et le tabac, représentait 31% du budget des ménages. En 2021, ils n'en représentaient plus que 18%, presque moitié moins. Et rien qu'entre le dernier trimestre 2021 et le deuxième trimestre 2023, c'est-à-dire en pleine crise inflationniste déclenchée par la guerre en Ukraine, les dépenses alimentaires ont chuté encore plus brutalement : 11,4%.

Le poids des dépenses dites "pré-engagées"

Les Français ont donc fait des économies sur l'alimentation. Pour autant, on ne peut pas dire qu'ils ont rogné sur ce poste de dépense pour s'acheter des téléphones portables ou se payer des vacances. Toujours selon l'Insee, la part du budget que les Français accordent à la communication, aux loisirs et à la culture a bien augmenté depuis les années 1960, 8% en 1961, contre 10% en 2021, mais cette hausse n'a rien de commun avec la baisse des dépenses alimentaires. En revanche, la part du budget alloué au logement, au chauffage et à l'éclairage a beaucoup augmenté : 20% en 1961 contre 32% 60 ans plus tard. Le logement est d'ailleurs devenu le premier poste de dépense des Français, alors qu'il était deuxième, derrière l'alimentation, en 1961.

Selon Eric Heyer, directeur du département Analyse et prévision à l'OFCE, l'Observatoire français des conjonctures économiques, la consommation des Français a vécu une transformation depuis les années 1960. Elle a évolué vers ce qu'on appelle des "dépenses pré-engagées" : abonnements, forfaits, etc. On signe un contrat et on paye la même chose tous les mois, on ne peut donc pas rogner dessus facilement. Au contraire, l'alimentation n'est pas une dépense pré-engagée, il est donc beaucoup plus simple de faire des économies sur ce poste. Autre facteur d'explication, l'inflation alimentaire record : près de 13,7% sur un an en juillet, alors que l'inflation générale est à 4,3%.

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