Est-il vrai que la France "fabrique à nouveau du paracétamol", comme l'affirme Olivier Véran ?
Alors que les boîtes de paracétamol se font très rares en pharmacie, le porte-parole du gouvernement assure que la France a relocalisé la production de ce principe actif et produit à nouveau ce médicament. C'est faux. Une usine doit bien ouvrir, mais seulement en 2023.
"Comme le président de la République s'y était engagé, on réimplante des usines de fabrication de paracétamol en France. D'ailleurs c'est en Isère, pas loin de chez moi, on refabrique à nouveau du paracétamol", a assuré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, interrogé mardi 6 décembre, sur France 2. Alors que le paracétamol se fait très rare en pharmacie, le ministre assure que la France a engagé une relocalisation de la fabrication de ce principe actif et qu'elle produit désormais ce médicament sur son sol. C'est pourtant faux.
En 2020, en pleine épidémie de Covid-19, alors que la France manquait déjà de certains médicaments, Emmanuel Macron avait bien annoncé des mesures pour relocaliser certaines productions dans le secteur sanitaire et du médicament. "Nous lancerons une initiative de relocalisation de certaines productions critiques. On pourra par exemple pleinement reproduire, conditionner et distribuer du paracétamol en France", avait ainsi déclaré le président, le 16 juin 2020.
Du paracétamol produit en France en 2023, livré en 2025
S'agit-il alors d'une promesse non tenue ? Pas vraiment. En l'occurrence, c'est Olivier Véran qui s'avance un peu. Il y a bien une usine qui doit voir le jour en Isère, à Roussillon précisément, et qui devrait pouvoir produire 10 000 tonnes de paracétamol par an. Sauf que sa mise en service n'est prévue que pour 2023. Si le projet de relocalisation du principe actif en France est bien en cours, le ministre délégué à l'Industrie, Roland Lescure, interrogé lundi 29 novembre à l'Assemblée, a toutefois précisé que les premières livraisons n'auraient lieu qu'en 2025. En 2020, les ministères de l'Économie et de la Santé avaient annoncé que cette relocalisation du paracétamol était prévue pour "d'ici trois ans".
En attendant, les manques de paracétamol sont bien réels, principalement, comme l'explique Olivier Véran, parce que la demande de paracétamol a explosé. Le laboratoire Sanofi explique par exemple que les demandes de livraisons de la part des pharmacie ont bondi : +47% sur toute la gamme pédiatrique entre janvier et novembre par rapport à l'année dernière. Sanofi explique cette hausse de la demande par l'existence de trois épidémies qui circulent en même temps en France actuellement : le Covid, la grippe et la bronchiolite.
D'autres facteurs peuvent également entrer en ligne de compte dans cette rupture de stock. Pour certains médicaments, on manque par exemple aussi de flacons de verre. Par ailleurs, pour faire face à ces difficultés d'approvisionnement, l'ANSM a mis en place un contingentement de certains médicaments. Concrètement, les laboratoires doivent vendre en quantité limitée aux grossistes-répartiteurs et au pharmacies pour permettre notamment de "répartir équitablement les approvisionnements sur l’ensemble du territoire", explique l'Agence nationale de sécurité du médicament.
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