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Le retour du masque à l'école en Lozère, les raisons de la hausse du taux d'incidence... Le Vrai du Faux Junior

Les élèves du Vrai du Faux Junior s'interrogent aujourd'hui sur les raisons qui ont conduit à rendre les masques à nouveau obligatoires dans les écoles de Lozère. L'occasion d'apprendre à vérifier des informations et recouper leurs sources. 

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Atelier "Vrai du Faux" avec la Cellule Vrai du Faux de franceinfo au collège Jules Ferry à Sainte-Geneviève-des-Bois dans l'Essonne (Collège Jules Ferry, Sainte-Geneviève-des-Bois, Essonne)

Une information a cette semaine particulièrement interpellé la classe de troisième médias du collège Jules Ferry à Sainte-Geneviève-des-Bois dans l’Essonne : le fait qu’en Lozère, des élèves ont eu, lundi 18 octobre, à remettre des masques à l’école. Les collégiens ont d'abord fait des recherches par groupes, qu’ils ont ensuite recoupées puis complétées. 

Une recherche d'informations dans la presse, en croisant les sources

" Nous avons commencé par essayer de trouver toutes les informations sur le pourquoi du comment la Lozère avait enlevé le masque puis l’avait remis", explique Marion. "Après avoir mis ces informations en commun, poursuit Eléa, nous nous sommes rendu compte qu’il nous manquait énormément de choses pour notre enquête : des dates, des lieux, des sources." "On s’est rendu compte qu’on avait à peu près tous les mêmes sources et que nos informations étaient la plupart du temps peu utiles", ajoute Inès. Les élèves ont alors décidé de poursuivre leur travail d'investigation en se penchant sur des données locales et sur des articles de la presse régionale et locale. "Après notre seconde recherche bien plus précise que les premières, nous avons vu que les masques ont été enlevés en septembre dans les écoles et remis obligatoirement le 18 octobre et avons compris que le taux d’incidence [en Lozère ] était deux fois plus élevé que le seuil critique qui est de 50 cas pour 100 000 habitants", poursuivent Eléa et Sheryne. 

Des informations confirmées et complétées par l'Agence régionale de santé

Après avoir compris ce qu'est le taux d’incidence, ce cumul de nouveaux cas positifs pour 100 000 habitants qui joue désormais sur le déclenchement du port du masque à l’école, les élèves ont cherché des explications à cette hausse du taux d'incidence. 

Nous avons vu que "la propagation du virus est d’autant plus rapide que le territoire de la Lozère a un taux de vaccination bas par rapport à un taux national" expliquent les élèves". " Nous avons également trouvé dans des articles locaux que les écoles primaires avaient été un cluster du virus ce qui a entraîné une fermeture des écoles". Ce cluster, autrement dit une concentration de cas dans une école, a par la suite, analysent les élèves, "entrainé une contamination des enfants à leurs proches, aux proches de ces proches etc."

Contacté par franceinfo, au nom des élèves, le directeur de la délégation départementale de la Lozère à l'Agence régionale de santé Occitanie, Mathieu Pardell est "agréablement surpris par le niveau des questions et de l’analyse des données de la Lozère." "Ce qui me saute globalement aux yeux, commente t-il, c’est que les élèves ont bien cerné le sujet. Finalement, en Lozère, on a eu une augmentation de notre taux d’incidence assez forte sur la période du 4 au 9 -10 octobre. Cela s'est poursuivi par la suite. On est passé d’un des taux les plus bas de France, autour des 24 cas pour 100 000 habitants au plus haut de France métropolitaine jusqu’à 106 cas pour 100 000 habitants."

Le taux d'incidence a donc augmenté dans la durée, ce qui a conduit à des mesures de freinage comme le port du masque par les élèves à l’école, déclenché automatiquement en cas de dépassement du seuil d'alerte pendant plus de 5 jours.

Mathieu Pardell confirme également les explications à cette hausse, trouvées par les élèves, "notamment l’apparition d’un cluster avec 23 cas dont deux enseignants qui ont fait bondir notre taux d’incidence, mais ce n'est pas la seule raison. Il y avait vraiment une circulation du virus, encore présente aujourd’hui de manière assez importante."

Or cette circulation du virus, sur fond de relâchement des gestes barrières, est intervenue dans un contexte de taux de vaccination dans le département effectivement un peu plus faible qu'au niveau national. Mathieu Pardell précise que ce taux de vaccination est actuellement de 70,6% de la population ayant reçu au moins une dose (contre 76% au niveau national).

Des données qu'il est important de contextualiser

Les élèves se sont aussi intéressés au nombre d’habitants en Lozère, donnée à prendre en compte pour contextualiser le taux d’incidence. "Vu que la Lozère est un département a faible densité de population, explique Kilian, le taux de contamination est différent. Une contamination peut augmenter fortement la moyenne de cette région alors que Paris a bien plus d’habitants et une seule contamination n’augmentera pas beaucoup la moyenne."

Mathieu Pardell confirme cette analyse. Ces élèves "pourraient être de très bons journalistesCe taux d’incidence en Lozère est à relativiser parce qu’on a une population qui est de seulement 76 000 habitants alors que le taux d’incidence est calculé sur la base de 100 000 habitants. Quand on a un cas, il augmente beaucoup plus fortement notre taux d’incidence que dans d’autres départements qui sont plus peuplés". Ce taux d'incidence dénote en revanche, ajoute t-il, une circulation du virus. Lors des précédentes vagues de Covid, ce sont les petits départements qui ont annoncé les vagues plus importantes dans les départements plus peuplés."

Pour être tout à fait complet, on peut rappeler que le taux d'incidence est un élément parmi d'autres qui permet de surveiller l'épidémie. Il faut ajouter également le taux de positivité des tests -qui est un peu plus haut en Lozère qu'ailleurs- ou le taux de reproduction du virus, le nombre de personnes que va contaminer un cas positif de Covid. "Quand on commence à monter au dessus de 1", explique Mathieu Pardell, "on est dans une expansion de l'épidémie. Pour la Lozère on est juste en dessous, à 0,9". Les données d'hospitalisation sont aussi un indicateur important. Elles augmentent en général avec un décalage de deux à trois semaines par rapport au début de la reprise épidémique. En Lozère aujourd'hui, indique Mathieu Pardell, il n'y a aucun patient covid hospitalisé. "Je n'ai pas vu, dit-il, ce sujet regardé par les élèves, mais c'est plutôt positif car on peut voir que c'est plutôt la vaccination qui protège et qui produit des effets pour soulager le système hospitalier et qui évite aux personnes positives [au covid] de se retrouver en services de soins critiques ou hospitalisées."

Les enseignants se demandent si les élèves auraient pu compléter leurs vérifications par d'autres recherches ou accéder à d'autres données. Les indicateurs mentionnés par Mathieu Pardell sont effectivement accessibles publiquement. On peut retrouver les données de Santé Publique France sur la base Geodes, ou aller sur le site CovidTracker où figure une carte de France du taux d'incidence.



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