Le traitement de la politique dans "france info junior" et "Génération 2022"
Pour parler du traitement éditorial de la politique, notamment en vue de l'élection présidentielle, Emmanuelle Daviet reçoit Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo.
Aujourd'hui, nous répondons aux questions des auditeurs avec Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo.
Emmanuelle Daviet : france Info junior est une émission pédagogique et sympathique, avec un biais positif, utile en général, mais qui frise aujourd’hui avec un engagement en faveur de la candidate PS Anne Hidalgo. Du coup, je me pose la question de l’égalité entre tous les candidats, nous écrit cet auditeur. Quel éclairage pouvez-vous apporter sur ce choix éditorial ?
Matthieu Mondoloni : Tout d’abord, je vais dire que c’est quelque chose que nous avions déjà fait dans le passé dans "france info junior" en s’intéressant à des personnalités politiques au sens large, 'Qui est Angela Merkel ?', par exemple, à l’occasion de l’élection allemande. Ensuite, ce n’était pas du tout pour faire la campagne d’Anne Hidalgo.
C’est simplement que ce sont souvent les écoliers qui sont à l’initiative de questions et que ce jour-là, dans france info junior, c’étaient des écoliers de Paris. Et je pense que comme c’était dans l’actualité, puisque c’est le jour où Anne Hidalgo a été officiellement intronisée candidate du Parti socialiste, les écoliers avaient envie de poser des questions. Et je vais vous dire qu’on ne faisait pas du tout campagne non plus parce qu’il y avait des questions qui étaient très critiques de la part des enfants auxquelles répondait Jean Jérôme Bertolus, le chef du service politique de franceinfo, notamment.
Après, là où je rejoins l’auditeur et je le comprends totalement, c’est qu’on est entré dans une campagne présidentielle pas encore officielle. Mais on sait très bien qu’elle a lieu. Les candidats sont déclarés, d’autres ne le sont pas encore. Et à ce titre, je pense qu’on doit être prudent. Donc, pour répondre à la question, c’était un peu un test pour voir si ça fonctionnait, si on pouvait le reproduire. Et on se rend compte notamment grâce aux auditeurs qui ont pu vous écrire qu’effectivement, ça ne convient pas et que ça peut prêter à confusion. Donc, on ne le fera plus, tout simplement.
Emmanuelle Daviet : un autre auditeur nous interpelle sur le traitement éditorial de Génération 2022, une chronique de franceinfo qui interroge des jeunes en vue de l’élection présidentielle. "On y trouve un nombre très important de jeunes au discours très structuré, anticapitaliste et militant à gauche", écrit-il. Comment est construite cette chronique et comment s’équilibre la parole des jeunes intervenants ?
Matthieu Mondoloni : Je tiens à dire tout d’abord que Manon Mella est journaliste et comme tous les journalistes de franceinfo, elle ne part pas sur le terrain avec ses propres convictions. Je ne sais pas quelles sont ses convictions, je n’ai pas à le savoir comme les gens n’ont pas à connaître les miennes. Et encore une fois, on se départit systématiquement de ça. J’ai demandé à Manon Mella, la journaliste qui s’occupe de Génération 2022, elle m’a donné un tableau très précis des orientations politiques de ces jeunes. Je rappelle que l’idée, c’est de pouvoir leur donner la parole dans cette campagne présidentielle.
Je pense savoir pourquoi l’auditeur a ce sentiment, mais je vais y venir. Tout d’abord, il n’y a pas de déséquilibre. En gros, il y a effectivement des jeunes qui votent plutôt à gauche, d’autres qui votent plutôt à droite. Il y a des jeunes d’extrême droite. D’ailleurs, notre journaliste a été victime sur les réseaux sociaux et sur Twitter notamment, d’une petite campagne de harcèlement parce qu’elle avait fait le portrait d’un jeune qui votait Rassemblement national et s’était fait critiquer par d’autres. Donc, vous voyez, la preuve qu’elle fait vraiment tous les bords.
En revanche, je pense qu’il y a eu ce sentiment peut être, de la part de l’auditeur, parce qu’en fait la préoccupation première de tous ces jeunes, c’est l’environnement et l’écologie. Aujourd’hui, quand on a tendance à parler environnement, écologie, on classe ça dans le camp des écologistes. À tort parce que d’ailleurs, d’autres hommes politiques à droite disent aussi qu’ils ont des convictions écologiques et qu’aujourd’hui, ça transcende toutes les lignes politiques.
Je vous donne l’exemple de cette semaine sur Génération 2022 : sur la semaine, sur ces cinq jours, par exemple, on a quand même beaucoup de partis de l’échiquier politique tel qu’il est actuellement, tel qu’il se dessine dans la campagne. Mais évidemment, aucun parti pris ni de la part de Manon, ni de la part de franceinfo pour soutenir un camp politique ou l’autre, c’est contraire à nos convictions et à ce qu’on défend tous les jours à l’antenne.
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