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Le rendez-vous de la médiatrice. Le traitement médiatique du mouvement des gilets jaunes

Le service de la médiation de Radio France reçoit beaucoup de messages d’auditeurs, en moyenne 1000 mails par jour. Depuis la mi-novembre, il y a une dominante dans tout ce courrier : c’est le traitement médiatique du mouvement des gilets jaunes.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuelle Daviet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des journalistes se mettent à terre pour éviter les tirs de flash-balls lors de la mobilisation des "gilets jaunes" à Paris, le 8 décembre 2018.  (YANN CASTANIER / HANS LUCAS / AFP)

Nous parlons du mouvement des gilets jaunes et du traitement médiatique de cette crise, chaque semaine depuis la mi-novembre dans ce rendez-vous sur franceinfo ; rendez-vous au cours duquel la médiatrice des antennes de Radio France, Emmanuelle Daviet relaie les interrogations, les remarques ou la colère des auditeurs.

Et tout ce qui transparaît à travers ces messages, et cela rejoint le constat fait par de nombreuses rédactions, au-delà de franceinfo ou des rédactions de Radio France, c’est que la perception du travail des journalistes par les auditeurs est, pour le moins, préoccupante. Pour en parler au micro d'Emmanuelle Daviet, Vincent Giret, directeur de franceinfo.

Est-ce que l’impact de votre travail sur une partie de la population est en question ? Les journalistes doivent-ils exercer différemment leur métier ?

Vincent Giret : Nous vivons une période très préoccupante car la crise des gilets jaunes révèle une fracture historique en matière d'information. Ce que nous avons vécu ces dernières semaines s'apparente beaucoup à ce qu'on vécu les Etats-Unis pendant la dernière campagne électorale et la victoire de Trump. On avait vu une énorme défiance à l'égard de l'information et des médias traditionnels et à la fois un flot continue de désinformation, de fausses informations, d'approximations ... Ces deux caractéristiques, nous sommes en train de les revivre.

Est-ce qu’il y a là une opportunité à saisir pour les journalistes ? De reconsidérer les méthodes de travail, d’enrichir le dialogue avec vos auditeurs ?

Vincent Giret : Nous sommes engagés dans une réflexion de longue haleine. A franceinfo nous allons lancer une réflexion collective. Aucun sujet n'est tabou. Il faut pouvoir discuter de l'exercice de notre métier à un moment où une partie des Français adresse des critiques extrêmement violentes, caricaturales, excessives. Des dizaines et dizaines d'incidents ont eu lieu ces dernières semaines à l'encontre de journalistes reporteurs. C'est un mouvement qui va durer, c'est pourquoi il faut réfléchir à notre responsabilité et à notre façon de travailler.

Il y a une opportunité à saisir pour les journalistes et les rédactions sur le sens de notre métier, sur les formats ...Mais nous avons une charte, une éthique. Nous n'avons pas à rougir de la façon dont nous avons travaillé sur la crise des gilets jaunes. Mais les conditions de l'exercice de notre métier ont basculé. Cette période de défiance massive va hélas durer.

On constate un fort besoin d’expression dans notre pays, vous avez ouvert l’antenne aux auditeurs pour qu’ils s’expriment sur la crise des gilets jaunes,

Estimez-vous qu'ouvrir l'antenne aux auditeurs est une pratique en cohérence avec l’identité de votre media ?

Vincent Giret : Nous avons plus que jamais besoin d'un dialogue avec nos auditeurs et nos internautes. Ce que nous faisons aujourd'hui n'est pas assez ambitieux. Ce rendez-vous de la médiatrice est important mais nous devons aller plus loin, expliquer comment nous travaillons, rendre plus transparente notre fabrique de l'information. Il y a plusieurs façons de le faire, notamment l'ouverture de l'antenne aux auditeurs qui a suscité des débats très intéressants. C'est un outil éditorial dont il ne faut sans doute pas abuser.

Comment souhaiteriez-vous faire appréhender au grand public votre façon de travailler ?

C'est une réflexion en cours. Faut-il par exemple créer une chaîne Youtube pour raconter la fabrique de l'information ? Il y a une méconnaissance profonde de nos façons de travailler, de nos règles, de notre éthique. Le dialogue est fructueux et fondamental pour retrouver de la confiance qui est le mot-clef. C'est de l'éducation aux médias et à l'information, au dialogue.

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