De nombreux auditeurs bouleversés par le podcast de Clémentine Vergnaud sur franceinfo : "Ma vie face au cancer"
Les auditeurs de franceinfo, mais aussi des autres antennes de Radio France ont été très nombreux à nous écrire à la suite du décès de Clémentine Vergnaud, journaliste à franceinfo, morte le 23 décembre dernier des suites d’un cancer, à 31 ans. Elle avait témoigné de sa maladie dans son podcast Ma vie face au cancer : le journal de Clémentine réalisé par Samuel Aslanoff.
Emmanuelle Daviet : Des auditeurs souhaitent savoir comment est née l’idée de ce podcast, Samuel ?
Samuel Aslanoff : En fait, je connaissais Clémentine, qui est une collègue. Je savais qu’elle était malade. On avait eu le loisir d’échanger quelquefois, mais pas grand-chose. Et puis un soir, je me suis dit : mais en fait, on a une journaliste qui est confrontée au cancer. Il y a 400.000 nouveaux cas de cancer par an, donc beaucoup de gens y sont confrontés.
Mais là, on a une journaliste de franceinfo qui est en première ligne on va dire, peut-être que ça peut l’intéresser de témoigner, et finalement aussi de faire son travail. Je suis allé la voir, je lui ai simplement dit ça en fait, et elle m’a dit : "oui, ça m’intéresse de témoigner. D’ailleurs, j’ai commencé à écrire quelques idées sur ma maladie, sur ce que je traverse, je te les envoie si tu veux". Et quand elle m’a envoyé ce qu’elle avait commencé à écrire, je me suis dit : ça va être très intéressant.
Les auditeurs ont écouté ce podcast, et très vite, nous avons reçu des messages dans lesquels ils se disaient bouleversés par la maturité, la force du propos. Et puis, à travers ces messages que l’on peut lire sur le site de la médiatrice, on découvre les répercussions de ce podcast dans leur existence ?
Alors beaucoup de témoignages que Clémentine a reçus au moment de la diffusion du podcast, beaucoup de témoignages également que nous avons reçus à franceinfo, qu’on a pu voir sur les réseaux sociaux, au moment de la disparition de Clémentine, le 23 décembre dernier, disaient en gros la même chose : "Moi, je suis malade, et ce que vous avez raconté Clémentine, c’est exactement ce que je pensais, ce que je traversais." Et puis il y a d’autres personnes. "Moi, je ne suis pas malade, mais j’ai accompagné un malade. J’ai accompagné mon papa qui est mort d’un cancer et ça m’a permis de comprendre, de mieux comprendre ce que la personne traverse". C’était ça l’objectif de ce témoignage.
C’était l’objectif de Clémentine de faire tomber le filtre qu’il y a, quand la maladie frappe quelqu’un, il y a tout de suite une sorte de filtre autour de cette personne, et tout le monde est un peu gêné. On ne sait pas trop comment lui parler. Est-ce qu’il faut lui parler de la maladie ? Est-ce qu’il faut la distraire ? On ne sait pas très bien comment faire. Et Clémentine, qui voulait essayer de faire comprendre ce que traversaient les malades, a, je pense, réussi ce pari-là, en tout cas de mieux expliquer, pour essayer de faire lever ce voile qui est toujours un peu gênant.
Et comment expliquez-vous que nous ayons également reçu beaucoup de messages du personnel soignant, que ce soit des médecins ou des infirmiers, des infirmières ?
Il y a pas mal de médecins, effectivement, qui ont écouté le témoignage de Clémentine, y compris des médecins qui ont soigné Clémentine, et ils ont appris des choses sur la manière dont, encore une fois, les malades ressentent tout ce qui leur arrive, comment ils ressentent la manière dont on leur apprend la maladie, ressentent la manière dont ils reçoivent les soins, au jour le jour. Par exemple, elle m’explique comment elle a compris à un moment donné que la maladie était trop forte, et les médecins lui ont dit la même chose. Ils lui ont dit : effectivement, on va arrêter les traitements. Et ce moment-là, finalement, pour elle, ça a été comme un soulagement.
Voici un extrait du témoignage de Clémentine Vergnaud, sur cet instant précis. "Quand vous en êtes là, dans votre tête, il y a un moment où vous culpabilisez, et vous vous dites, c’est moi qui suis en train de lâcher, c’est moi qui n’ai plus cette force, et qui manque de courage finalement. C’est très culpabilisant parce qu’on se dit : je lâche mais, mais, pourquoi je m’accroche pas en fait ? Et d’entendre que même dans la voix des médecins, ce serait une erreur de s’accrocher à ce point-là, ça m’a fait énormément de bien, parce que j’avais enfin le droit de dire stop. J’avais enfin le droit de lâcher."
Samuel Aslanoff : "J’avais enfin le droit de dire stop". C’était comme un soulagement. Eh bien là, il n'y a qu’une personne qui subit ça, qui est en première ligne, qui peut le raconter. Et Clémentine par ailleurs, le racontait très bien.
Emmanuelle Daviet : Alors on vient d’écouter un extrait de la suite du témoignage de Clémentine Vergnaud. Et précisément, les auditeurs demandaient s’il existait une suite du podcast puisqu’elle l’avait évoquée ?
Oui, il y aura une suite qui va sortir mardi 16 janvier, dans trois jours, parce qu’elle a continué à traverser des choses intéressantes. On vient de l’évoquer quand elle a appris qu’elle ne gagnerait pas contre la maladie. Elle parle aussi de la fin de vie. Comment on peut rassurer quelqu’un qui sait qu'il va mourir ? Ce n'est pas un message universel, parce que chacun aura sa réponse, mais sa réponse à elle, est très simple, c’est d’être entourée des proches, entourée de ses parents et de son compagnon, de son mari. Là aussi, elle raconte très bien ce qui la soulage, et ça, peut-être que ça peut aider quelqu’un qui sera un jour dans la même situation.
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