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Le fret ferroviaire menacé : une filière en difficulté

Le secteur du fret ferroviaire français est en danger. La Commission européenne réclame cinq milliards d'euros à la filière. Décryptage avec Isabelle Raymond, cheffe du service Economie et Social de franceinfo.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Transport ferroviaire de marchandises près de Béziers, le 10 novembre 2022. (Illustration) (JEAN-MARC LALLEMAND / BELPRESS / MAXPPP)

Les difficultés de la filière sont mises en lumière aujourd'hui par ces bisbilles entre la France et Bruxelles : la Commission européenne réclame 5 milliards d'euros à Fret SNCF, qui s'apparentent selon elle, à des aides d'Etat. L'exécutif tente de trouver une parade, en allégeant l'entreprise d'une partie de ses activités, de ses salariés, et de son chiffre d'affaires. Le ministre des Transports, Clément Beaune, s'est aussi fendu d'une tribune, publiée dans le journal Le Monde, pour expliquer la stratégie du gouvernement.

Mais ce que montre aussi cette affaire, c'est la difficulté à faire vivre ce secteur en France, malgré les ambitions affichées. Transition écologique oblige, la loi climat prévoit de doubler la part des marchandises transportées par le rail, d'ici 2030.

Le rail n'a fait que perdre du terrain face à la route, au fil du temps…

La part du rail a même été divisée par deux précisément, passant de 20 à 10% du transport de marchandises entre 2006 et 2019 ; conséquence de la libéralisation du secteur, imposée par Bruxelles. Le fret a été ouvert à la concurrence, bien avant le transport de voyageurs. Avec un résultat peu glorieux. Sous-investissements, voies vieillissantes et pas assez entretenues, difficulté à obtenir des sillons, c'est-à-dire des autorisations de circuler, saturation du réseau, ponctualité plus qu'aléatoire, difficultés aussi pour les wagons de marchandises à passer d'un pays à l'autre, à cause de la largeur de voies différentes, les problèmes sont nombreux, anciens, et parfaitement bien identifiés, selon les acteurs de la filière.

Pourtant, la demande existe

La demande est réelle, car choisir le transport par le train, plutôt que la route, permet aussi aux industriels de réduire leur bilan carbone. Et la demande afflue. Pour preuve, l'activité de Fret SNCF a été dans le vert deux ans de suite, en 2021 et 2022. Les transporteurs privilégient surtout le transport dit "combiné", alliant donc plusieurs modes : route, rail, bateau, avec des wagons adaptés. Mais la réalité, c'est qu'aujourd'hui le réseau ferroviaire ne peut faire face.

Avec 800 km de voies qui ont fermé ces cinq dernières années – les voies menant directement aux usines et aux entrepôts ont plus de 70 ans en moyenne – les acteurs du secteur réclament la création de plateformes multimodales. Ils estiment aussi qu'il faudra mettre 500 millions d'euros sur la table ces prochaines années, pour moderniser le réseau. Ce seront 200 millions par an, mais à partir de 2025, seulement, promet de son côté le ministre des Transports.

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