Un ancien espion à la tête de l’Irak
La planète à l’heure de la pandémie. Nous nous posons à Bagdad. Après cinq mois de crise politique, le pays a enfin un Premier ministre. Un personnage particulier qui va affronter une crise majeure.
Il s’appelle Moustafa Al-Kazimi, et s’il vous est inconnu, c’est normal : il était espion. Et plus précisément directeur des services de renseignements irakiens. Après de mois de négociations, de tentatives ratées, de votes infructueux au Parlement, l’Irak a donc enfin un Premier ministre. Qui va avoir la lourde tâche de tenter de sortir le pays de la crise sanitaire, économique, militaire et politique. C’est un personnage que les Irakiens connaissent peu. Mousatafa Al-Kazimi a joué de l’effet de surprise, et compte bien continuer.
Un parcours atypique
Depuis 2016 où il avait été nommé à la tête du renseignement, il a fui les caméras et les interviews, et en a profité pour tisser des réseaux impressionnants, au Moyen-Orient et au delà. Il a un parcours très atypique : d’abord juriste, il a été journaliste. Réfugié en Europe pour fuir la dictature il est devenu militant anti-Saddam Hussein.
En 2003, il revient et crée une fondation pour que les crimes du régime ne soient pas oubliés. Puis, de fil en aiguille, il devient le chef du renseignement. À ce poste, il fréquente tous ses homologues et réussit à parler aux deux puissants ennemis, l’Iran et l’Arabie Saoudite, et à ne se fâcher avec aucun. Il réussit aussi plusieurs opérations majeures dans la lutte contre l’Etat Islamique, gagnant le respect des militaires et des politiques.
L'Irak est en pleine tourmente
Le pays est exangue, car 95% des ressources irakiennes proviennent du pétrole, qui ne se vend plus, ou mal. Les salaires des fonctionnaires ne sont pas payés depuis des mois, la colère sociale n’est pas retombée, les attaques de l’Etat Islamique ont repris. Sans compter les interventions permanentes du voisin iranien et de l’allié américain, qui se livrent à une guerre à distance sur le territoire irakien.
Mustafa Al-Kazimi, 53 ans, peut pour le moment compter sur le soutien de la communauté internationale, qui le respecte. Mais c’est dans les rues surchauffées du pays qu’il va devoir faire ses preuves.
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