Slovaquie : qui est Robert Fico, ce populiste pro-russe aux portes du pouvoir ?
Pour vous donner une idée du personnage, Robert Fico, 59 ans, est amateur de muscu, de grosses bagnoles et fan de Vladimir Poutine. Sa spécialité : les infox et les contre-vérités qu'il livre à profusion via les réseaux sociaux contre ses adversaires, contre la communauté LGBT ou contre les migrants. Déjà deux fois Premier ministre, en 2018 il est chassé du pouvoir après l’assassinat de Jan Kuciak, un journaliste d’investigation qui travaille sur les liens du gouvernement avec la mafia.
Ce qui ne l'empêche pas de faire passer pour de la "persécution politique" les multiples condamnations de ses proches pour corruption. C'est à lui donc que les Slovaques, nourris de désinformation et lassés de l’incompétence de l’actuel gouvernement, ont donné leurs voix. Avec un peu plus de 23% des suffrages rassemblés par son parti, le Smer - SD, lors des élections législatives, samedi 30 septembre, Robert Fico devra former une coalition pour garder le pouvoir. Il n’exclut personne, pas même l’extrême droite.
"Plus une munition" pour l'Ukraine
Sa victoire est d’abord une mauvaise nouvelle pour l’Ukraine : Robert Fico promet que son pays n'enverra plus une seule munition. La Slovaquie et ses habitants ont "des problèmes plus importants". Or jusqu'ici Bratislava a fait preuve d'une générosité sans limites, livrant même à Kiev 13 chasseurs Mig-29.
Opposé aux sanctions contre la Russie, Robert Fico est ouvertement soutenu par les organes de propagande du Kremlin, comme Izvestia. Le journal se félicite. Avec lui "l'obsession factice pour les droits des LGBT sera enfin balayée, l'Union Européenne pourra remballer ses velléités d'héberger sur le territoire slovaque les migrants ayant une culture étrangère et la perspective d'une adhésion de l'Ukraine à l'OTAN sera repoussée sine die". Tout est dit.
Des répercussions en Europe
Son retour est donc aussi une mauvaise nouvelle pour l’unité de l’Union européenne. Certes la Slovaquie et ses cinq millions et demi d’habitants pèsent bien moins lourd que la Pologne par exemple, mais l'Europe ne doit pas sous-estimer les répercussions d'un gouvernement populiste pro-russe signal inquiétant à huit mois des élections européennes.
Robert Fico est surtout très proche du hongrois Viktor Orbán, qui a été le premier d'ailleurs à saluer sa victoire : "j'ai hâte de travailler avec un patriote". Viktor Orbán, qui entrave systématiquement les décisions liées à l’Ukraine, va trouver un allié à la table du Conseil. Bruxelles doit se préparer à faire face à de nouveaux blocages. Et c'est exactement ce que cherche le Kremlin : désunir et affaiblir le camp occidental.
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