Élections législatives en Slovaquie : la montée d'un candidat d'extrême droite pro-russe

Les élections législatives se dérouleront le samedi 30 septembre en Slovaquie. L'ancien Premier ministre Robert Fico, dirigeant du parti populiste et pro-Kremlin Smer-SD, est bien placé dans les sondages.
Article rédigé par Alice Froussard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un panneau d'affichage électoral en Slovaquie affiche le visage de Robert Fico le dirigeant du Smer-SD. Les élections parlementaires se dérouleront le 30 septembre 2023. (TOMAS TKACIK / MAXPPP)

Jusqu'ici, la Slovaquie était un peu l'exception de l'Europe centrale par rapport à ses voisins, la Pologne ou encore la Hongrie avec leurs gouvernements nationalistes et conservateurs. Lors des précédents scrutins, les 5,5 millions de Slovaques avaient élu coup sur coup une présidente libérale, ancienne militante de l'environnement, puis un parti anticorruption. Et en 2020, après les élections, le Smer, ce parti social-démocrate qui flirte avec l'extrême droite, avait été chassé du pouvoir.

Mais tout pourrait basculer. Il y a d'abord une immense déception du gouvernement sortant. Mais surtout, en Slovaquie, les regards sont braqués vers le sud du pays. C'est une zone traversée par de plus en plus de migrants. Ils arrivent de la Hongrie voisine. Pour la plupart, ils franchissent la frontière illégalement et ils quittent le pays dans les 48 heures. Mais les chiffres ont explosé. La police parle de 25 000 personnes cette année, alors qu'en 2021, ce chiffre s'élevait en moyenne à 2 500. Ce qui donne évidemment des arguments à certains.

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Robert Fico pourrait se rapprocher de l'extrême droite hongroise de Viktor Orban

Parmi les candidats, celui qui sort du lot, c'est l'ancien Premier ministre Robert Fico. Il n'a pas hésité à se rendre à la frontière hongroise pour accuser le gouvernement. C'était début septembre. Le candidat de 59 ans avait eu sur place des propos chocs. "Même Dieu ne sait pas qui, parmi les migrants, est un terroriste ou qui est porteur d'une maladie infectieuse", a-t-il déclaré. Déjà en 2016, Robert Fico avait fait campagne sur le rejet de l'immigration. Ça n'avait pas fonctionné. Mais cette année, celui qu'on qualifie de fin politicien et auquel on prête des goûts de luxe a beaucoup moins d'inhibition. Il ne cesse de se radicaliser. Il est devenu plus complotiste que jamais. Il se mobilise d'ailleurs auprès des déçus de l'Union européenne. Il affiche un antiaméricanisme virulent, se pose aussi en défenseur des valeurs chrétiennes, s'oppose à ce qu'il nomme cette idéologie LGBT. Et surtout, il scande lors de toutes ses allocutions son soutien à la Russie. Et cette fois, c'est efficace. Son parti est en tête depuis des mois avec 20% des intentions de vote.

Et s'il gagne ces élections, ce sera probablement une menace sur la démocratie slovaque, mais aussi sur les équilibres géopolitiques en Europe. Robert Fico l'a promis, s'il est élu, sa première mesure sera de couper toute aide militaire en Ukraine. L'ancien Premier ministre surfe sur ce mécontentement des Slovaques, où le taux d'inflation est le plus élevé de la zone euro. Il l'impute aux sanctions économiques contre la Russie, le fournisseur de gaz et de pétrole du pays. Et puis il s'appuie aussi sur le sentiment pro-russe d'une partie de la population. Pourtant, la Slovaquie a beaucoup aidé l'Ukraine. Elle a envoyé ses vieux avions de chasse, elle a fourni des munitions en y mettant un terme. La Slovaquie rejoindrait la Hongrie, le seul pays européen qui refuse l'aide à Kiev. Viktor Orban pourrait donc trouver un nouvel allié au Conseil européen.

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