Royaume-Uni : le Premier ministre Rishi Sunak ne renonce pas à faire adopter le texte controversé sur l’expulsion de migrants vers le Rwanda

Le gouvernement conservateur envisage de sous traiter l'accueil des migrants en envoyant au Rwanda, moyennant des compensations, ceux qui arrivent illégalement en Angleterre. Le Premier ministre veut faire passer le texte avant les élections législatives.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'exprime lors de la session hebdomadaire des questions du Premier ministre (PMQ) à la Chambre des communes, dans le centre de Londres, le 17 avril 2024. (JESSICA TAYLOR / UK PARLIAMENT)

Les conservateurs au pouvoir au Royaume-Uni vont tenter une nouvelle fois de faire passer un texte controversé sur l’immigration. Ce texte impossible est celui qui prévoit d’expulser les migrants qui arrivent sur le sol du Royaume-Uni au Rwanda. Cela fait deux ans que le projet est sur la table et cela fait deux ans que les conservateurs butent pour le faire voter. Il est revenu lundi 15 avril devant le Parlement, alors qu'il avait été initialement proposé par Boris Johnson.

Sur le plan technique, le texte n’a cessé de faire des allers-retours entre la chambre des communes et la chambre des lords. La Chambre des communes à droite durcit le texte, puis la Chambre des lords, ou les conservateurs ne sont pas majoritaires, adoucit la loi si bien qu’à l’arrivée : il n’est jamais adopté. On peut ajouter à cela un aspect plus juridique. La Cour suprême anglaise avait jugé, en novembre 2023, le texte initial illégal. 

Quelque 19 000 personnes concernées chaque année 

L'idée de base est assez simple mais pas forcément très morale, les Anglais veulent sous-traiter l'accueil des migrants. Il s’agit en effet "d’exporter" entre guillemet les migrants qui arrivent en Angleterre illégalement et de les envoyer au Rwanda. Le concept a certes évolué puisque les migrants concernés seraient maintenant volontaires au départ. Ils recevraient 3000 livres sterling, soit 3500 euros. Une fois au Rwanda, les migrants seraient assurés du soutien de Kigali pendant cinq ans. Un porte-parole du gouvernement britannique estimait que cela pourrait concerner 19 000 personnes par an dans un premier temps. Problème, le Rwanda n’est pas un "pays sûr" comme le promet le Premier ministre anglais. Les opposants au texte expliquent que le Président rwandais Paul Kagamé gouverne dans un climat de peur, sans opposition et sans liberté d’expression.

Malgré tout, le Premier ministre anglais Rishi Sunak n’en démord pas, il veut faire passer le texte vite. C’est un texte symbolique, d’autres diront un marqueur politique et l’urgence est liée aux élections législatives qui se tiendront vraisemblablement au second semestre de cette année 2024, or tous les sondages donnent la droite des Tories perdante. Ce texte permettrait, selon le Premier ministre, de montrer que le gouvernement est efficace en matière d’immigration, d’autant que les traversées de migrants dans la manche augmentent à nouveau. Elles sont en hausse de plus de 40% entre 2023 et 2024. Pour le gouvernement anglais l’objectif est de faire passer ce texte maudit, afin que les Anglais puissent voir avant les élections les départs des premiers migrants.

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