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Nucléaire : ce qu'il faut savoir du nouveau regain de tension entre les deux Corées

Nouvelle poussée de fièvre sur la péninsule coréenne : Séoul craint une frappe nucléaire menée par son voisin du Nord et s'y prépare, avec l'aide des États-Unis.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Lancement du nouveau missile balistique intercontinental de la Corée du Nord, le 18 novembre 2022. (STR / KCNA VIA KNS via AFP)

Ce sont les dernières déclarations-choc de Pyongyang qui ont brutalement fait monter la température. Dimanche 2 janvier, lors de la réunion de son parti, Kim Jong-un annonce que pour sa sécurité, la Corée du Nord va "renforcer massivement sa force militaire" et augmenter "de manière exponentielle" son arsenal nucléaire.

Il explique que le pays va lancer un nouveau système de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), dont la principale mission sera une rapide contre-attaque nucléaire.

"Nous nous préparons"

Au-delà des discours, il y a les actes. Depuis un an la Corée du Nord multiplie les essais balistiques, quasiment un tir par mois – dont quelques-uns ont donné des sueurs froides à Séoul et 2023 promet d'être dans la même veine. Washington et Séoul jugent la situation "très préoccupante" et l'escalade amorcée depuis plusieurs mois ne semble pas près de s'arrêter.

La Corée du sud n'a pas l'arme atomique : elle est sous "le parapluie américain", ce sont les États-Unis qui assurent sa sécurité. Dans sa "posture nucléaire", le document qui fixe les règles d'utilisation de l'arme atomique, le Pentagone établit très clairement que "toute attaque nucléaire de la Corée du Nord contre les États-Unis ou ses alliés et partenaires serait inacceptable et aurait pour conséquence la fin du régime". 

D'où ce communiqué dissuasif émanant d'un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche pour défendre son allié face aux menaces venues du nord, expliquant que les alliés préparent "une réponse coordonnée et concrète à une série de scénarios, y compris une utilisation de l'arme nucléaire par la Corée du Nord". Concrètement ça ne veut pas dire qu'il y aura des ogives nucléaire sur le territoire de la péninsule, mais du partage d’informations, un exercice de simulation de riposte conventionnelle. Plus de 28 000 soldats américains sont stationnés en Corée du Sud.

Le président sud-coréen très offensif

Le président sud-coréen voudrait aller plus loin : il réclame des exercices nucléaires conjoints, sans pour autant se doter de l'arme atomique, sur ce point la doctrine officielle de la Corée du sud n'a pas changé (même si l'opinion publique y est de plus en plus favorable). Des exercices permettraient déjà de montrer encore plus ses muscles face à la montée en puissance de l'arsenal militaire nord-coréen. Pour l'instant Washington n'a pas répondu favorablement.

Depuis son arrivée au pouvoir en mai dernier, Yoon Seok Yeol est dans une posture très offensive. Avec lui il n'est pas question d'ouverture diplomatique comme avec son prédécesseur. Il compte qualifier la Corée du Nord de "pays ennemi" dans le prochain livre blanc de la sécurité nationale. Et cerise sur la gâteau, ce mercredi 4 janvier il dit même envisager de suspendre un accord conclu en 2018 avec Pyong Yang si jamais la Corée du Nord envoie encore des drones en territoire sud-coréen comme elle l'a fait fin décembre. La défense anti-aérienne n'avait pas été capable d'abattre un seul appareil... Ca genre de discours ne peut qu'alimenter les tensions.

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