Cet article date de plus de trois ans.

Nouveau coup d'État au Mali : le vice-prĂ©sident prend le pouvoir

C'est un nouveau coup d'État : au Mali, les militaires ont "dĂ©mis de leurs prĂ©rogatives" ce mardi le prĂ©sident et le Premier ministre de transition. Le vice-prĂ©sident, le colonel Assimi GoĂŻta, a officiellement pris le pouvoir.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Assimi Goita (au centre), au moment du putsh contre l'ancien président IBK (ANNIE RISEMBERG / AFP)

Il y a 9 mois, ce sont eux dĂ©jĂ  qui avaient dĂ©barquĂ© le prĂ©sident. Aujourd'hui, les colonels putchistes ne sont pas satisfaits du rĂŽle qu'on leur assigne au sein du nouveau gouvernement : ils ont arrĂȘtĂ© les principaux dirigeants civils qu'ils avaient eux-mĂȘme mis au pouvoir. Le Premier ministre de transition, Moctar Ouane, a tout juste eu le temps de passer un coup de fil Ă  un journaliste de l'Agence France Presse pour expliquer que des soldats l'avaient conduit chez le prĂ©sident Bah N'Daw.

Les deux hommes, en compagnie du ministre de la DĂ©fense Souleymane DoucourĂ©, ont ensuite Ă©tĂ© emmenĂ©s au camp de Kati, haut lieu de l'appareil militaire malien Ă  quelques kilomĂštres de la capitale. PrĂ©cisĂ©ment lĂ  oĂč l'ancien prĂ©sident IBK avait Ă©tĂ© traĂźnĂ© sous la contrainte le 18 aoĂ»t 2020 pour annoncer sa dĂ©mission.

Accusations de "sabotage" 

Ce mardi 25 mai, aprĂšs plusieurs heures de silence, l'homme fort du pouvoir malien, le colonel Assimi GoĂŻta, Ă  la tĂȘte des putschistes de 2020, a indiquĂ© avoir dĂ©chargĂ© de leurs prĂ©rogatives le prĂ©sident et le Premier ministre en les accusant de tentative de "sabotage de la transition". Il leur reproche d'avoir formĂ© un nouveau gouvernement sans se concerter au prĂ©alable avec lui. Il dit s'ĂȘtre vu "dans l'obligation d'agir". Et donc, de prendre le pouvoir.

Assimi Goïta a aussi indiqué, dans une déclaration lue à la télévision publique par un collaborateur en uniforme, que "le processus de transition suivra son cours normal et que les élections prévues se tiendront courant 2022".

La junte écartée du gouvernement

Deux figures emblĂ©matiques de la junte avaient étĂ© Ă©cartĂ©es de deux ministĂšres clĂ©s lors de l'annonce du nouveau gouvernement ce lundi 24 mai : la dĂ©fense et la sĂ©curitĂ©, postes qu'ils occupaient depuis le coup d'État. Ils y ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des gĂ©nĂ©raux plus neutres qui n'Ă©taient pas en premiĂšre ligne.
Ce remaniement a été vécu comme un camouflet par les putchistes qui entendaient bien rester aux commandes pendant trois ans et qui, de mauvaise grùce, avaient déjà du s'engager à rendre le pouvoir dans les 18 mois.

Les autorités provisoires elles, voulaient montrer que la transition était en marche, que progressivement l'exécutif serait rendu aux mains des civils et le calendrier tenu. Faire preuve d'ouverture politique tout en gardant la main. Les militaires ne l'ont pas accepté.

Le soutien de la communauté internationale

Ce coup de force a été trÚs vite condamné par la communauté internationale. DÚs hier soir l'Union africaine, la Minusma, la France, l'Allemagne, l'Union européenne et les Etats-Unis ont publié un communiqué commun pour dire "leur soutien aux autorités de transition" et rejeter toute perspective de démission forcée.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'est dit lundi soir "profondément préoccupé" par la détention des dirigeants maliens et a appelé "au calme". Le médiateur de la Cédéao, la Communauté des Etats ouest-africain, est lui annoncé à Bamako ce mardi pour négocier. Les discussions aboutiront-elles ? Une chose est sûre : le Mali, déjà emporté dans le tourbillon de la violence jihadiste et de la contestation sociale, ne peut pas se permettre un coup d'Etat tous les ans. 

Commentaires

Connectez-vous Ă  votre compte franceinfo pour participer Ă  la conversation.