Les Irakiens veulent la chute de leurs dirigeants
La contestation se renforce de jour en jour à Bagdad et dans les grandes villes du pays. La planète tourne et nous posons lundi le doigt en Irak.
Il faut écouter et regarder la foule qui ne cesse d’affluer, jour et nuit, place Tahrir à Bagdad, en Irak. C'est un rassemblement historique, qui ne ressemble à aucune des manifestations depuis l’intervention américaine en 2003. "Tahrir", ça veut dire "libération" et les manifestants veulent tout simplement la fin du pouvoir actuel irakien.
Il n'y a pas de chef et tous ceux qui tentent de le devenir se font huer par la foule. Le peuple irakien crie son ras-le-bol, justement, du cercle infernal dans lequel il est enfermé. D'un côté, le poids des religieux, de l’autre, celui de la politique, qui n’est jamais loin de la foi en Irak.
Mais surtout, il y a le ras-le-bol du jeu de pouvoir et d'influence que pratiquent plus ou moins à distance Américains et Iraniens. Le mouvement a gagné toutes les couches sociales de l'Irak, toutes les villes et personne n’a la moindre idée de ce qu’il va se passer. Le gouvernement est paralysé.
Des manifestants pas découragés par la répression
Qu’ont-ils à perdre ? Un pays dans lequel chaque famille a perdu un membre dans la guerre, une capitale qui a connu plus d’attentats qu’aucune autre ville du monde... Qu’ont-ils à perdre à exiger le départ d’une classe politique immobile, qui ne parvient ni à enrayer le chômage massif ni à permettre l'accès à l’eau et l'électricité dans un pays dont le sous-sol regorge de pétrole ?
Ce ne sont pas les tirs de l'armée qui arrêtent le désespoir, ni l’intervention des milices qui tentent d’imposer leur loi dans les rues en coursant les manifestants. Car justement, ce sont ces milices, dont les check-points et la violence quadrillent la ville depuis 2003, dont les Irakiens veulent se débarrasser.
Il semble que plus aucune annonce du pouvoir ne soit audible, les 250 morts et les 8 000 blessés sont les martyrs de cette révolution irakienne, qui ressemble à s'y méprendre à celle de leurs cousins libanais. Dimanche soir, la place des martyrs de Beyrouth et la place Tahrir de Bagdad résonnaient des mêmes slogans. Comme si un fil s’était tendu sur cet arc du Moyen-Orient.
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