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Les hippopotames de Pablo Escobar vont enfin quitter la Colombie

Les hippopotames de Pablo Escobar, l'ancien baron de la drogue, vont (enfin) quitter la Colombie pour être recueillis dans des zoos en Inde et au Mexique.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Hippopotames ayant appartenu à Pablo escobar à Doradal (Colombie). (CORNARE via AFP)

Il y a trente ans, quand Pablo Escobar est abattu par les forces de sécurité. Le monde entier découvre alors sa gigantesque ménagerie personnelle. Une excentricité parmi beaucoup d'autres. Dans son hacienda Nápoles, dans le département d'Antioquia, le patron du cartel de Medellin héberge près de 200 spécimens exotiques : flamants roses, girafes, zèbres, kangourous et quatre hippopotames originaires d'Afrique.

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Tous les animaux sont revendus à des zoos, sauf les pachydermes, trop gros, trop lourds, trop compliqués à déplacer. Les autorités les abandonnent et pensent qu'ils finiront par mourir parce qu'ils ne sont pas dans leur écosystème.


Grossière erreur ! Les hippopotames s'échappent de la propriété, ils tombent amoureux de la région, chaude et humide. En plus, ils n'ont pas de prédateurs ! Au début, leur présence attire et amuse les touristes, sauf que leur population devient vite incontrôlable. Ils sont près de 150 aujourd'hui. La plus grande population en dehors de l'Afrique et à ce rythme, une étude a estimé que d'ici 2034, ils seront 1 400.

Les "narco hippos" sont devenus une plaie

Ce qui pose de gros problèmes : ils dévorent chacun 40 kg d'herbe par jour et leurs excréments empoisonnent le fleuve Magdalena. Ils dévorent toute la faune locale qui leur passe sous le museau et s'attaquent même de plus en plus souvent aux pêcheurs et aux habitants (deux agressions relevées en 2021). Les "narco hippos" sont devenus une véritable plaie, ils sont d'ailleurs désormais officiellement classés comme une espèce invasive dont plus personne ne sait comment se débarrasser.

Il y a deux ans, les autorités colombiennes ont lancé une grande campagne de stérilisation financée par les États-Unis. Pas du tout efficace. Le temps de trouver les bestiaux, de les attraper et de les castrer, ils se sont déjà reproduits.

Voyage en avion

La dernière stratégie, c'est donc de les déplacer pour éviter de les abattre. Les autorités prévoient d'en envoyer 60 par avion dans des zoos en Inde. 10 autres au Mexique. Elles se donnent six mois pour y arriver. L'objectif, c'est de les attirer – sans les endormir – dans de grandes caisses en fer fabriquées sur mesure. Selon Aníbal Gaviria, le gouverneur d'Antioquia, il ne leur manque plus qu'une sorte de "passeport" qui sera délivré après autorisation de l'opération par la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).

Coût de l'opération : trois millions et demi de dollars. Mais les touristes peuvent se rassurer, quelques exemplaires vieillissants seront laissés au bord du fleuve Magdalena. Et les habitants eux retrouveront peut-être un peu de leur sérénité.

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