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Le raï algérien au patrimoine mondial de l'Unesco

Il n'y a pas que la baguette française qui entre au patrimoine immatériel de l'Unesco. Depuis ce jeudi 1er décembre, c'est aussi le cas de la harissa tunisienne... et surtout du raï algérien. De quoi clore la polémique avec le voisin marocain ?

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le chanteur de raï Khaled en concert à Alger (Algérie), le 14 novembre 2000. (- / AFP)

Tous ceux qui ont eu 20 ans dans les années 90 ont forcément entendu Bakhta" de Cheb Khaled, en 1993. Les autres ne seront pas non plus passés à côté de Didi, sortie un an plutôt, vendue à 1,5 million d'exemplaires. C'était la période dorée du raï, quand les chanteurs venus d'Oran (Algérie) squattaient le Top 50 et accédaient au statut de stars internationales.

Le raï est une musique populaire aux textes crus, sans tabous, qui parle d'amour impossible, de contraintes sociales, de liberté. Sa période de gloire est assez courte puisqu'il décline très vite dans les années 2000 et touche aujourd'hui un public relativement restreint.

Si le raï a été classé au patrimoine de l'Unesco, c'est parce qu'autour de la chanson il y a toute une tradition. C'est que défendait l'Algérie d'ailleurs dans son dossier de candidature, expliquant que le raï ("opinion", "avis" en arabe) apparaît chez les paysans et les pasteurs nomades de l'ouest dès la fin du XIXe siècle.

Le raï a aussi été remis au goût du jour cet été grâce au succès du dernier titre de la star franco-algérienne DJ Snake : Disco Maghreb, du nom de l'emblématique maison de disques oranaise à laquelle le titre de la chanson rend hommage.

Un classement qui ne plaît pas au Maroc

Alger espère que cette reconnaissance et ce label international vont lui redonner un petit coup de fouet et pourquoi pas inspirer une nouvelle génération de chanteurs et compositeurs.

Mais ça ne fait pas du tout les affaires du Maroc, qui revendique lui aussi la paternité du raï – avec une certaine mauvaise foi... surtout quand ça peut gêner son voisin et rival algérien. Une année, Rabat a même envisagé d'envoyer sa propre candidature à l'Unesco. Pour cette édition, le représentant du Maroc auprès de l'organisation internationale a officiellement regretté que les deux pays n'aient pas été capables de monter un dossier commun – comme ils l'avaient fait pour le couscous, lui aussi classé au patrimoine immatériel en 2020 (c'était même une candidature à 4 avec la Tunisie et la Mauritanie).

Pas de relations diplomatiques depuis 2021

Mais aujourd'hui le Maroc et l'Algérie sont bien trop en froid pour se réconcilier, même par le biais de la culture. D'ailleurs depuis août 2021 ils n'ont plus de relations diplomatiques. C'est l'Algérie qui a rompu le fil.

En raison de désaccords profonds sur le Sahara occidental (où s'affrontent les autorités marocaines qui contrôlent une grande partie du territoire – et les indépendantistes soutenus par Alger), et aussi parce que Rabat s'est rapproché d'Israël... avec une coopération de plus en plus iportante notamment en matière militaire.

Mohammed VI a essayé plusieurs fois de tendre la main à son voisin, sans succès. L'Algérie n'a aucune intention de changer de disque.

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