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Le prince héritier saoudien continue de faire place nette autour de lui

Mohamed Ben Salmane continue d’asseoir son pouvoir, en éliminant ses rivaux.

Article rédigé par franceinfo - Lucas Menget
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le prince héritier Mohamed Ben Salmane, à Riyad, en Arabie saoudite, le 10 décembre 2019. (AFP PHOTO / SAUDI ROYAL PALACE / BANDAR AL-JALOUD)

Après les lointains cousins, les anciens amis, ceux qui parlaient trop, voici le tour de l’oncle et des neveux du roi saoudien : purement et simplement arrêtés, sur ordre de son fils, le jeune et ambitieux prince héritier, Mohamed Ben Salmane (le fameux "MBS"), qui dirige désormais l'Arabie saoudite.

En fin de semaine, dans ce royaume verrouillé, dont les informations ne filtrent qu'avec parcimonie, le Wall Street Journal apprend un nouveau coup de théâtre. Le propre frère du roi, Ahmed ben Abdelaziz al-Saoud, ainsi que le neveu Mohamed Ben Nayef, et le petit frère de ce dernier, Nawaf Ben Nayef sont arrêtés. La garde royale les a conduits dans des endroits secrets, accusés d’avoir envisagé un coup d’État. Ils risquent la prison à vie ou la peine de mort.

La route vers le pouvoir bien engagée

Les trois hommes arrêtés sont pourtant des personnalités très hauts-placés du le régime. C'est justement ce qui fait penser que le jeune prince héritier a désormais vraiment les mains libres, pour être en mesure de faire arrêter des princes aussi proches de son père. Mohamed Ben Nayef a été le ministre de l’Intérieur du pays, et lui-même prince héritier avant d’être brutalement mis à l’écart par MBS.

Il vivait déjà en résidence surveillée, mais avait discrètement dénoncé la mainmise du pouvoir par son cousin et ses erreurs, notamment dans la conduite de la guerre au Yémen et surtout l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. De tous les cousins, il était sans doute celui qui avait à la fois les réseaux et l’autorité pour se mettre sur la route du prince héritier. Il est désormais hors d’état de nuire.

Pour résumer, on a un vieux roi, Salmane, et son jeune fils, MBS, en train de faire une purge complète pour s’assurer du pouvoir. MBS s’assure que si son père meurt – et la rumeur le dit malade et fragile – il n’y aura d’autres choix que de le nommer roi, dans un système où c’est la famille qui nomme le successeur. Tous étant les descendants du fondateur du royaume Ibn Saoud, MBS, 34 ans, a réussi à ouvrir son pays, à libéraliser un peu, à assouplir l’image rude et médiévale de l’Arabie saoudite. Mais à force de mettre tous ses rivaux en prison, et à mener une guerre sans fin au Yémen, il finit par se constituer aussi un bon nombre d’ennemis. Son accession au trône est désormais engagée, mais avec une image de jeune dictateur.

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