Le Botswana menace d'offrir 20 000 éléphants à l'Allemagne pour illustrer la difficulté de cohabiter avec le pachyderme

Alors que l'Allemagne veut lutter contre le braconnage et interdire l'importation de trophées de chasse, Mokgweetsi Masisi, le chef d'État botswanais, réplique que la population allemande doit comprendre ce que représente la vie en présence d'éléphants.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un panneau avertissant d'un danger de passage d'éléphants au bord d'une route qui mène au parc national de Chobe, au Botswana, en novembre 2021. (SERGIO PITAMITZ / BIOSPHOTO / AFP)

C'est un moyen de pression un peu loufoque, mais ce n'est pas juste un mouvement d'humeur. Le président du Botswana, Mokgweetsi Masisi, a choisi Bild, le tabloïd le plus lu d'Allemagne, pour expliquer sa démarche. "Le climat allemand, bien qu'exécrable", conviendra "parfaitement aux éléphants", déclare-t-il au quotidien allemand le 3 avril. "Ils pourront gambader comme ils veulent dans les grandes plaines de l’est du pays. Les Allemands commenceront à comprendre ce que les Botswanais" vivent au quotidien. D'ailleurs, prévient Mokgweetsi Masisi, "puisque l'Allemagne semble tant aimer les éléphants", il n'est pas question qu'elle refuse.

Le Botswana, en Afrique Australe, est à peine plus grand que la France. Il compte 2,5 millions d'habitants et 130 000 éléphants. C'est un tiers de la population mondiale de pachydermes et elle a plus que doublé en 30 ans. La cohabitation avec l'homme devient, chaque jour, plus difficile, les attaques de troupeaux contre les villages et les cultures se multiplient. En 2019, le pays décide donc de rétablir la chasse aux éléphants. D'abord pour réguler leur nombre, mais aussi pour faire revenir les devises des touristes fortunés qui déboursent plusieurs dizaines de milliers d'euros pour un safari et font vivre des communautés entières.

Londres déjà menacé par l'envoi de 10 000 éléphants

Cette décision fait scandale, alors qu'un nombre toujours plus grand de pays, sensibles à la cause animale, songent sérieusement à interdire l'importation de trophées de chasse. Les Pays-Bas, la France et la Belgique ont déjà franchi le pas. Berlin devrait suivre, d'où l'agacement du président du Botswana.

D'ailleurs, ce n'est pas une première, en mars déjà, quand les députés britanniques ont voté l'interdiction de l’importation de trophées (le processus législatif n'est pas terminé), Mokgweetsi Masisi avait menacé d’envoyer 10 000 pachydermes à Londres en proposant de les stocker sur Hyde Park. Il n'a pas encore mis sa menace à exécution. En revanche, il a déjà donné 8 000 éléphants à son voisin angolais et plusieurs centaines au Mozambique.

L'Allemagne, le plus gros importateur de trophées de chasse d'Europe

Or demain si les Allemands ne viennent plus chasser parce qu'ils ne peuvent plus ramener de trophées pour décorer leur salon, alors même qu'ils sont les plus gros importateurs de ces pièces exotiques en Europe, le Botswana perdra une source confortable de revenus sans avoir réglé sa surpopulation éléphantesque.

Très pince sans rire, le ministère allemand de l’environnement a fait savoir qu’il n’avait reçu aucune offre de dons d’éléphants, mais qu'il "acceptera volontiers une invitation du Botswana à inspecter ses politiques de protection de la vie sauvage".

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