La jeunesse irakienne explose, bilan : 100 morts
La planète tourne. Lundi, nous posons le doigt à Bagdad, en Irak, où des manifestations de jeunes ont été violemment réprimées par les autorités.
"Je ne suis pas chiite, je ne suis pas sunnite, je suis irakien et je suis au chômage." C’est un jeune homme dont le cri et l’image, torse nu au milieu des tirs et des flammes, ont circulé sur les réseaux depuis quelques jours. Ce cri, c’est celui d’une jeunesse irakienne qui est en train de défier le gouvernement, de descendre dans la rue sans qu’aucun parti politique n’ait appelé à le faire. C’est venu spontanément. Alors que la chaleur brûlante de l’été disparait à Bagdad, ils sont des dizaines de milliers tous les soirs, sur les grandes avenues. Cela suffit : il faut que l’Irak change. Mais la police et l’armée sont intervenues, en force. Le bilan de cinq jours de colère est terrible : plus de 100 morts et plus de 4 000 blessés par balles.
Ces jeunes irakiens veulent une vie normale
Ils n’ont connu que la guerre et plus du quart d’entre eux n’a pas de travail. Le chômage est endémique, la corruption record. Les gouvernements successifs depuis la chute de Saddam Hussein en 2003 ne parviennent pas à relancer la machine d’un pays, qui est pourtant le 5e producteur de pétrole au monde. Les guerres et les conflits religieux ont totalement épuisé une population de 40 millions d’habitants qui ne croit plus en ses dirigeants. Les jeunes irakiens expriment ce que leurs aînés n’osent plus dire : ils veulent tout simplement des services publics, de l’eau et de l’électricité sans coupures permanentes. Ils en ont assez d’entendre parler de chiites et de sunnites à propos de tout : ils veulent juste un avenir.
Le gouvernement réagit de manière désordonnée et paniquée
Dès le début du mouvement, internet a été coupé dans tout le pays, mais les manifestations se sont quand même propagées de Bagdad vers le sud du pays, par exemple dans les villes de Diwaniya et de Kut. Un couvre-feu, levé partiellement à Bagdad, a été instauré, une vieille habitude irakienne.
De manière hallucinante, le Premier ministre Abdel Adel Mahdi a fait une déclaration d’appel au calme à la télévision, mais à deux heures du matin vendredi 4 octobre. Autant dire qu’il a été peu entendu. Ce week-end, le gouvernement a proposé 17 mesures sociales, par exemple des aides au logement et une allocation pour les jeunes sans emploi. Mais dans un pays qui sort peu ou prou de 40 ans de guerres, il est peu probable que la colère s’éteigne avec de vagues promesses.
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