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La Chine, premier pays à être entré dans la crise du Covid-19, premier à en sortir ?

Alors que la France et l'Europe encaissent le choc d'une deuxième vague de coronavirus Covid-19, la Chine, là où tout a commencé, semble s'être complètement tirée d'affaire.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des étudiants chinois lors d'une cérémonie le 1er septembre 2020.  (STR / AFP)

La Chine, première à être entrée dans la crise du Covid-19, première à en sortir ? À regarder les chiffres, la différence d'échelle est assez frappante. La France, 67 millions d'habitants, enregistre plus 50 000 cas de coronavirus par jour alors que la Chine, 1 milliard 400 millions d'habitants ne compte que 42 cas confirmés mardi 27 octobre, selon la Commission nationale de la santé. Il s'agit en plus du chiffre le plus haut depuis deux mois.

La différence entre le nombre de décès enregistrés depuis l'apparition de l'épidémie est tout aussi abyssale : 35 000 en France, moins de 5 000 dans l'Empire du Milieu. Et si la Chine a été accusée, dès le mois de mars, de mentir sur le nombre de morts, elle a aujourd'hui quasiment éradiqué l'épidémie.

Une politique sanitaire radicale

Port du masque généralisé, confinements drastiques de villes entières dès l'apparition des premiers cas et politique de dépistage massif. Voilà la recette de la Chine contre le Covid-19. À Wuhan, berceau de l’épidémie, en mai, 11 millions d’habitants ont été intégralement testés mais aussi à Qingdao, la ville où l'on brasse la bière "Tsingtao" en octobre : six cas positifs, neuf millions d’habitants testés en cinq jours.

Le scénario est identique en ce moment dans la province du Xinjiang, au nord-ouest, près de la frontière avec le Pakistan : 4,75 millions de personnes se sont faites tester parce qu'une personne a été testée positive, une jeune ouvrière dans une usine textile. Les cas positifs avérés sont directement conduits à l'hôpital ou contraints à l'isolement, avec une surveillance stricte.

Les déplacements ont longtemps été très limités d'une province à l'autre. Pour rejoindre les autres villes du pays, les voyageurs chinois sont désormais équipés d'un "QR code" qui doit être vert. Il est par ailleurs fortement recommandé de pas voyager à l'extérieur du pays : les voyages groupés sont interdits, et ceux qui voyagent pour le travail doivent impérativement se faire vacciner avant leur départ. 

Les étrangers qui arrivent sur le sol chinois le sont eux aussi au compte-goutte : même si vous êtes négatif, vous devez rester 15 jours en quarantaine dans une chambre d'hôtel, comme l'a vécu la correspondante de franceinfo en Chine, Dominique André.

Depuis cet été, la deuxième puissance économique mondiale a repris des couleurs et retrouvé son niveau d’avant le Covid : 4,9% de croissance au troisième trimestre, selon les statistiques officielles publiées lundi 26 octobre.

Les secteurs de l'industrie et de la construction se redressent, la consommation des ménages aussi. Les exportations sont quant à elles portées par les ventes de masques et de matériel médical.

Cette année (et les suivantes d'ailleurs) le monde va sans doute connaître sa pire récession depuis les années 1930, mais la Chine devrait être le seul grand pays à connaître une croissance positive.

Des chiffres maquillés ?

Face au manque de transparence des statistiques officielles, la remise en cause des chiffres de la croissance chinoise est presque devenue une discipline économique à part entière ! Plusieurs experts remettent en cause les calculs présentés par les autorités ainsi que l'ampleur du rebond de l’économie. Mais c'est un fait : le moteur est reparti.

Il est en tout cas dans l'intérêt du président Xi Jinping d'afficher bonnes nouvelles : la bonne santé de l'économie lui permet de redorer le blason national et d'atténuer la défiance qui s’est installée sur la scène internationale à l’égard de la Chine d'où est parti le virus.

Le comité central du Parti communiste, qui tient sa grande réunion cette semaine, met la dernière main à sa feuille de route économique pour les cinq prochaines années. Il sera bien entendu difficile de tenir les 6,5% de croissance actés lors du plan quinquennal précédent. Pékin devrait viser les 5% voire un peu plus, d'autant que les perspectives mondiales ne sont pas très optimistes et les relations ne sont pas au beau fixe avec l'Amérique de Donald Trump. Mais avec objectif restent des chiffres à faire pâlir d'envie le monde occidental.

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