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Israël : des chefs d'état-major sans langue de bois

Du changement à la tête de l'armée israélienne cette semaine. Et, chose inhabituelle, le chef d'état-major sortant s'est "lâché" dans la presse.
Article rédigé par franceinfo - Frédéric Métézeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le général Aviv Kochavi (à droite) et son successeur à la tête de l'armée israélienne Herzi Halevi, à Tel Aviv le 16 janvier 2023 (GIL COHEN-MAGEN / AFP)

Aviv Kochavi, 58 ans, raccroche le treillis kaki et le béret rouge des parachutistes après 40 ans de service. Et dans plusieurs interviews, il ne mâche pas ses mots. Dans le Jerusalem Post, le grand quotidien en anglais, on le voit à la une du supplément du week-end, fusil-mitrailleur en bandoulière, l'air dur, avec cette citation : "Une nouvelle guerre renverrait le Liban 50 ans en arrière". Dans l'interview, le général Kochavi précise sa pensée : si le Hezbollah libanais, pro-iranien, attaque Israël, "le Liban sera frappé d'une manière qu'il n'a jamais connue dans son histoire."  Et pourtant, le Liban en a connu des guerres, toutes plus cruelles les unes que les autres.

Le militaire s'adresse même directement au chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah : s'il y a un conflit à cause du programme nucléaire iranien et si le Hezbollah agit, c'est le Liban qui sera renvoyé 50 ans en arrière. Kochavi s'adresse aussi au régime des mollahs iraniens : "On a préparé l'armée à l'attaque. Si les politiques le décident, ils auront tous les outils à leur disposition et à ce moment là nous serons prêts."

Des critiques aussi à l'égard du nouveau gouvernement israélien

Chef de ce nouveau gouvernement, Benyamin Netanyahou a fait alliance avec l'extrême droite religieuse. L'un de ses chefs de file est devenu ministre délégué à la Défense et contrôlera la vie quotidienne des colons israéliens et des Palestiniens en Cisjordanie occupée, quand le ministre de la Défense conservera la gestion sécuritaire du secteur. Cette division inquiète Aviv Kochavi : "Les politiques doivent comprendre ce qu'impliquent leurs décisions. Ils ont le droit de décider mais je suis obligé de leur rappeler la situation et de leur dire ce qui pourrait arriver".  En clair, il craint que l'armée ainsi divisée soit moins efficace.

Son successeur, Herzi Halevi, n'est pas en reste. Dans son discours d'investiture il a expliqué : "Nous protégerons une armée unifiée concentrée sur son expertise, son professionnalisme et ses valeurs, à l'abri de toutes les considérations qui ne relèvent pas de la sécurité". Pour résumer : à l'abri des considérations politiciennes. Voilà le gouvernement prévenu.

L'armée reste une institution très respectée en Israël, où une majorité des filles et des garçons font leur service militaire.

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