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Guerre en Ukraine : la position ambigüe de la Serbie vis-à-vis de la Russie

Sous pression internationale, la Serbie réduit ses rotations aériennes avec la Russie mais le pays ne condamne pas l'invasion de l'Ukraine. 

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un avion de la compagnie Air Serbia.  (ANDREJ CUKIC / EPA)

C'est la seule liaison aérienne encore possible entre l'Europe et la Russie mais la ligne Belgrade-Moscou va réduire ses rotations. Conséquences des sanctions internationales prises contre le Kremlin, depuis l'Europe il faut obligatoirement passer par la Turquie, l'Arménie ou la Serbie pour se rendre en Russie - ou la quitter. Ces trois pays font partie des rares à maintenir des liaisons.

Conséquence, le petit aéroport de Belgrade s'est transformé en véritable hub aérien : Air Serbia a doublé ses rotations vers la capitale russe, avec 15 vols par semaine contre 7 en temps normal. Les avions affichent complet jusqu'à la mi-avril et les prix des billets explosent : un aller simple qui valait 150 euros avant la guerre peut désormais coûter 1300 euros. 

Changement de ton avec la Serbie

Jusqu'ici, les pays de l'Union européenne fermaient les yeux : il fallait bien garder quelques lignes pour exfiltrer les Européens de Russie. Plusieurs chancelleries ont en effet demandé à leurs ressortissants de quitter le pays. Mais la semaine dernière, les critiques et les pressions se sont multipliées : Kiev accuse Air Serbia de gagner de l'argent sur le sang ukrainien, "pratiques indignes d'un pays candidat à l'Union européenne”. 

La compagnie aérienne Air Serbia a été victime de plusieurs alertes à la bombe ces derniers jours, ce qui a entraîné des retard sur des vols Belgrade-Moscou. Le 15 mars, un avion a été contraint de faire demi-tour en plein vol. 

A chaque fois, il s'agissait d'une fausse alerte. Les autorités soupçonnent les Ukrainiens d'être à l'origine des mails de menaces anonymes, dénonçant la trop grande proximité de la Serbie avec Vladimir Poutine.

Le président serbe Aleksandar Vučić a d'abord dénoncé "une chasse aux sorcières politique", avant de finalement demander à Air Serbia de réduire ses rotations et de revenir à un seul vol par jour. Ce qu’elle faisait avant l’invasion.

Les Serbes ouvertement pro-russes à Belgrade

Belgrade maintient une position ambigüe. Prétendant être un pays non-aligné, la Serbie est l'un des rares États à ne pas avoir condamné la guerre en Ukraine et n'avoir pris aucune sanction contre Moscou. Deux manifestations en faveur de l'intervention militaire russe ont été organisées les 4 et 13 mars dans la capitale. Les manifestants étaient en majorité des militants d'extrême-droite proches du gouvernement. Les tabloïds serbes expliquent que c'est l'Ukraine qui a attaqué la Russie.

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Des élections présidentielles et législatives auront lieu début avril en Serbie. Le chef de l'État, candidat à sa succession, ne peut pas se permettre de perdre la moindre voix. Sa posture changera peut-être de nouveau quand il devra défendre la candidature de son pays à l'Union européenne. Ses partenaires, en tout cas, lui demandent de choisir son camp et de se ranger du bon côté de l'histoire. 

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