Cet article date de plus d'un an.

En Espagne, les trains trop gros pour passer dans les tunnels font chuter le patron de la compagnie ferroviaire

Une membre du gouvernement a aussi dû présenter sa démission, à cause de ce scandale qui enflamme l’Espagne depuis des semaines.
Article rédigé par franceinfo - Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Isaias Taboas, le président de Renfe, l'enteprise ferroviaire nationale espagnole. (FERNANDO ALVARADO / EFE VIA MAXPPP)

Ils resteront à quai. Isaías Táboas, le président de Renfe (l’équivalent espagnol de la SNCF) a finalement quitté son poste, tout comme la secrétaire d’État aux transports, Isabel Pardo de Vera. Tous les deux payent une polémique nationale : des trains commandés aux mauvaises dimensions. Des wagons trop larges pour traverser certains tunnels. Tout cela à cause d'une erreur dans l'appel d'offres.

Ce n'est pas une petite affaire. Il est question ici d'un contrat à 258 millions d'euros pour une trentaine de trains, qui devaient moderniser le service dans les régions de Cantabrie, des Asturies et de Galice (Nord de l’Espagne). Heureusement, ces nouveaux trains n'avaient pas encore été fabriqués. L'entreprise chargée de la construction des rames, l'espagnol CAF, a eu un doute. Le réseau ferré est très ancien dans ces régions du Nord – il date du XIXe siècle – et les voies sont très étroites dans les tunnels.

Une erreur devenue une affaire politique

L'erreur de dimensions a donc été détectée il y a deux ans, au mois de mars 2021. Le problème, c'est que cette bourde a ensuite été tenue secrète. Personne ne voulait l'assumer. Sauf qu'elle a engendré de nouveaux délais, il a fallu concevoir de nouvelles maquettes, de nouveaux plans, de nouveaux gabarits. Résultat : deux ans de retard minimum pour la livraison, pas avant 2026. Les autorités ont donc été obligées de reconnaître publiquement leur erreur.

Cette affaire a pris un tour très politique. L'opposition de droite s'en est saisie. Elle dénonce "l'opacité", la "dissimulation coupable" du gouvernement. Dans les régions concernées, les élus fustigent l'amateurisme : "C'est du travail de cochon", grogne par exemple le président de la Cantabrie. Ces 31 trains étaient destinés au réseau régional, l'équivalent des TER. Pour tuer la polémique, l'entreprise ferroviaire a d'abord tenté de trouver des boucs émissaires. Elle a licencié deux de ses cadres, il y a 15 jours. Mais ça n'a pas suffi à calmer la colère.

Il a donc fallu que le grand patron démissionne, ainsi que la secrétaire d'État. Autre geste du gouvernement : le transport sera gratuit sur ces lignes jusqu'à la livraison en 2026. L'exécutif promet même de financer des trains supplémentaires.Cette fois-ci aux bonnes dimensions.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.