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En Écosse, des protections périodiques bientôt gratuites : une première mondiale

L'Écosse montre l'exemple en matière de droit des femmes. Tampons et serviettes hygiéniques doivent y être accessibles gratuitement et sans conditions. C'est une première mondiale.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Divers protections féminines. Photo d'illustration. (STÉPHANIE BERLU / FRANCE-INFO)

La loi a été adoptée à l'unanimité mardi 24 novembre par le parlement écossais. Elle oblige les collectivités locales à fournir gratuitement des protections périodiques aux femmes et jeunes filles qui en ont besoin – sans conditions de ressources.

Il aura fallu quatre ans, quatre ans de lobbying acharné de la part d'une députée travailliste, Monica Lennon, à l'origine de la proposition de loi, pour que cette question des règles et ce qu'on appelle la "précarité menstruelle" ne soit plus taboue et fasse consensus dans le débat politique.

Même si l'Écosse est déjà en avance, puisque depuis 2017 les tampons et serviettes hygiéniques sont gratuits dans tous les collèges, lycées et universités.

Avoir ses règles, ça coûte cher !

Avoir ses règles, c'est bien sûr un processus biologique très intime, mais surtout... ça coûte cher : environ 10 euros par mois (la fourchette basse). Or 10 euros, tous les mois pendant 35 ou 40 ans, jusqu'à la ménopause, faites le calcul... c'est un budget (Et ce n'est pas comme la cigarette, on ne peut pas décider d'arrêter !)

Quand on est au chômage, en situation de précarité ou sans abri, c'est un obstacle. Et s'il faut choisir entre s'acheter à manger ou protéger le fond de sa culotte... certaines n'hésitent pas : au Royaume-Uni, une étudiante sur dix n'a pas les moyens de s'offrir des tampons ou des serviettes hygiéniques.

Un impact sur l'éducation des filles

Avec des conséquences très concrètes : quand on ne peut pas se protéger correctement, on reste à la maison, trois, quatre, cinq jours, on ne va pas au lycée ou à la fac. Ces "fichues règles" ont aussi un impact sur l'éducation des filles. Ce n'est pas un problème réservé aux pays sous-développés. Ce programme a un coût élevé : quasiment 11 millions d'euros par an. D'ailleurs au début le gouvernement ne voulait pas de cette gratuité sans conditions (Aujourd'hui, il s'en félicite).

Les collectivités locales ont deux ans pour s'organiser. Ça ne devrait pas être trop compliqué : en Écosse on trouve déjà des produits d'hygiène en accès libre dans les toilettes pour femmes des restaurants, des pubs et même des clubs de foot. Avec souvent une petite tirelire à côté pour y verser ce que vous voulez.

Des jeunes filles gênées d'acheter des tampons

Cette loi va aussi avoir un effet bénéfique sur l'acceptabilité sociale des règles. D'après des chercheurs britanniques, 71 % des britanniques entre 14 et 21 ans se sentent encore gênées quand elles achètent leurs protections périodiques et qu'elles les posent devant tout le monde à la caisse du supermarché.

D'autres pays devraient s'inspirer de l'Écosse. Des expérimentations existent ici ou là, mais personne n'est allé aussi loin. Pour l'instant les femmes se battent surtout pour réduire ou faire disparaître la "taxe tampon".

Certains pays, comme la France, ont déjà baissé la TVA sur ces produits d'hygiène pour l'aligner sur celle des produits de première nécessité (en France elle est passée de 20% à 5.5%). À ce jour, seule une dizaine de pays seulement ont franchi le pas et l'ont carrément supprimée : Kenya, Nigéria, Afrique du Sud, Canada et Australie... Le chemin sera long pour accéder à la gratuité du modèle écossais.

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