Élections en Afrique du Sud : après 30 ans de règne, l'ANC, le parti de Nelson Mandela, risque de perdre sa majorité absolue

Les Sud-africains élisent mercredi leurs députés, qui choisiront ensuite le président. Pour la première fois depuis trois décennies, le parti de Nelson Mandela, l’ANC, craint de ne pas obtenir la majorité absolue au Parlement.
Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des militants collent une affiche du Congrès National Africain sur un panneau de campagne électorale à Polokwane, en Afrique du Sud, le 26 mai 2024. (EMMANUEL CROSET / AFP)

Les Sud-africains sont appelés aux urnes pour élire leurs députés mercredi 29 mai et le Congrès National Africain (ANC), qui domine la vie politique depuis 30 ans pourrait ne pas obtenir la majorité. À la fin de l'apartheid en 1994, l'ANC fait un triomphe, Nelson Mandela, l'ancien prisonnier de Robben Island, héros national et Prix Nobel de la Paix, devient le premier président noir du pays. 

Dans les années qui suivent, l'Afrique du Sud se développe, elle devient un pays riche, le plus riche même du continent. Mais les successeurs de Nelson Mandela, tous issus de l'ANC, multiplient les erreurs, ils se révèlent notamment incapables de corriger les déséquilibres économiques hérités de la ségrégation raciale.

Le pays le plus inégalitaire au monde

Selon la Banque mondiale, la nation arc-en-ciel est aujourd'hui la plus inégalitaire au monde. Le taux de chômage de l'ensemble de la population est à 32%, mais dans le détail, c'est 40% chez les noirs, 7% seulement dans la minorité blanche. Dans le secteur agricole, la réforme n'a rien changé, 60% des terres sont encore cultivées par les Blancs.

Autre exemple, l'échec de ce qu'on appelle le "Black Economic Empowerment", une politique de discrimination positive. Au final, seuls les membres de l'ANC s'enrichissent en accédant notamment au capital des grandes entreprises et, à partir de 2009, avec l'arrivée au pouvoir de Jacob Zuma, la corruption se généralise au plus haut niveau de l'État.

Eau et électricité défaillantes

Conséquence de la corruption endémique, la compagnie nationale d'électricité Eskom est incapable de fournir du courant en continu : les Sud-Africains ont dû s'habituer à vivre avec les coupures, jusqu'à 12 heures par jour, il y a encore quelques mois. L’eau elle non plus n'est pas toujours présente au robinet.

Tout cela a un impact sur la croissance, qui sera encore inférieure à 1% en 2024, selon les prévisions. De quoi entamer la confiance de la population dans l'ANC, qui n'a pas su non plus enrayé la hausse de la criminalité : 130 viols et 80 meurtres par jour, sur les trois derniers mois de 2023.

Les "nés libres" ne veulent pas d'un parti du passé

Aujourd'hui, le parti s'engage à créer des emplois et à stimuler les investissements et pour sauver la mise, il met surtout l'accent sur tous les progrès sociaux réalisés en trente ans.

Mais les plus jeunes, notamment ceux qui sont "nés libres", après le régime de l'Apartheid, qui représentent plus d'un tiers de l'électorat et n'ont connu que ses fiascos, ne se font pas d'illusions. Eux ne voteront pas ANC, considéré comme incompétent et relégué au rang de parti du passé.

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