Vidéo "Ici, ils vous violent, et ensuite ils vous tuent" : agressée à 16 ans, cette chanteuse sud-africaine raconte comment elle s'est défendue

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"Ici, ils vous violent, et ensuite ils vous tuent" : agressée à 16 ans, cette chanteuse sud-africaine raconte comment elle s'est défendue
"Ici, ils vous violent, et ensuite ils vous tuent" : agressée à 16 ans, cette chanteuse sud-africaine raconte comment elle s'est défendue "Ici, ils vous violent, et ensuite ils vous tuent" : agressée à 16 ans, cette chanteuse sud-africaine raconte comment elle s'est défendue (ENVOYÉ SPÉCIAL / FRANCE 2)
Article rédigé par France 2
France Télévisions
En Afrique du Sud, l'un des pires pays au monde en matière de féminicides et de viols, les femmes vivent dans la peur, mais elles commencent à oser se défendre. Voici le récit de la chanteuse Mbali Lekhuleni, qui a fait très jeune l'expérience de cette violence, dans un extrait d'"Envoyé spécial".

"Je vis comme toutes les Sud-Africaines : dans la peur", confie la chanteuse d'un groupe de gospel célèbre dans le pays. Mbali Lekhuleni fait "toujours très attention, notamment quand [elle] rentre le soir d'un concert, de ne pas être suivie. Et sauf exception, ne [s]'arrête ni aux feux rouges ni aux stops".

L'Afrique du Sud est l'un des pires endroits au monde en matière de féminicides, où une femme est tuée toutes les trois heures. Selon les statistiques, une Sud-Africaine aurait 40% de risques de subir un viol au cours de sa vie. Heureusement, les femmes commencent à oser se défendre. Mbali Lekhuleni, elle, l'a fait il y a plusieurs années. C'est cette expérience d'une extrême violence qu'elle raconte dans un extrait d'"Envoyé spécial". Elle avait alors 16 ans.

Un soir, elle se trouve dans un parc avec des cousins, lorsqu'un homme les menace en tirant au pistolet. Il enlève la jeune fille. Dans le jardin d'une maison, elle est violée une première fois, le pistolet sur la tempe. Alors qu'il s'apprête à recommencer, elle lui demande s'il peut au moins lâcher son arme. "Etre violée et braquée en même temps, c'est trop pour moi, lui dit-elle. Viole-moi, ou tue-moi. Mais choisis l'un des deux."

"Je savais que c'était lui ou moi"

"Et étonnamment, poursuit-elle, il m'a écoutée. Il a jeté son pistolet loin de nous, et j'ai vu exactement où il était tombé. Il m'a violée à nouveau, et quand il s'est relevé, j'ai couru là où était le pistolet." La jeune fille saisit alors ce qu'elle sait être sa seule chance de s'en sortir vivante : "Je savais que c'était lui ou moi. En Afrique du Sud, toutes les femmes n'ont pas cette chance que j'ai eue. Ici, ils vous violent, et après ils vous tuent."

Le temps qu'il se retourne, cette jeune fille qui n'avait "jamais touché un pistolet de [s]a vie" s'empare de l'arme et vise son agresseur, "abasourdi". "Il a fait un mouvement vers moi, et j'ai appuyé sur la gâchette. Ça a tiré en plein dans son ventre. Il a titubé vers moi pour m'attraper, me frapper, et là, j'ai tiré encore. Je ne sais même plus combien de fois. On est tous les deux tombés à la renverse, et j'ai entendu son dernier souffle sur mon épaule. Il est mort, et ensuite j'ai poussé son corps", raconte-t-elle encore, ajoutant n'avoir "aucun remords".

Les policiers ont été de son avis. D'abord incrédules, ils ont félicité la jeune fille et lui ont assuré qu'elle avait agi en légitime défense. "Si je devais le refaire, conclut Mbali Lekhuleni, je le referais. Je sais que j'ai sauvé beaucoup de filles, qui auraient été violées par ce type horrible par la suite."

Extrait de "Afrique du Sud : les femmes contre-attaquent", un reportage à voir dans "La Spéciale d'Envoyé. Quand les femmes sont prises pour cibles" le 23 novembre 2023.

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