Drame lors du pèlerinage à La Mecque : L’Égypte fait la chasse aux agences de voyage malhonnêtes
Le pèlerinage s'est terminé mercredi 12 juin et les sanctions n'ont pas traîné. Seize agences sont déjà déchues de leurs droits. L’Égypte fait la chasse aux agences de voyage malhonnêtes, celles qui sont accusées d’avoir envoyé des pèlerins à la Mecque sans autorisation. Une pratique qui a largement contribué aux 1300 morts de la semaine dernière par des températures caniculaires. Le Premier ministre égyptien a ordonné samedi "la révocation de leur licence, le renvoi de leurs responsables devant le parquet pour 'fraude', ainsi qu'une amende "au profit des familles des personnes mortes par leur faute".
Il est reproché à ces agences d'avoir envoyé des pèlerins en Arabie saoudite avec un simple visa de tourisme et pas avec un visa spécifique pour le hajj. Or pour faire ce pèlerinage, que tout musulman qui en a la capacité doit effectuer au moins une fois dans sa vie, il faut un permis. Ne pas en avoir, ça change tout. Les pèlerins en situation irrégulière se retrouvent hébergés dans les tentes surpeuplées et non climatisées. Ils se cachent des autorités, ne peuvent pas faire appel à l'assistance médicale, ni prendre les bus, qui organisent les rotations vers la Kaaba. Beaucoup d'Égyptiens traversent même le désert par leurs propres moyens pour rejoindre La Mecque.
La semaine dernière les températures étaient littéralement insoutenables. Il n'a jamais fait moins de 40 degrés, avec des pointes à 51,8 degrés. Sur les 1 300 morts recensés en 2023 par les autorités saoudiennes, victimes en grande majorité d'insolation et de déshydration, 83% n'étaient pas enregistrés. Les Égyptiens représentent plus de la moitié de ce triste bilan.
Des visas hors de prix
Il y a autant de pèlerins qui arrivent sans visa parce que les permis officiels attribués selon un système de quotas coûtent très cher. Pour l'Égypte, par exemple, il y en a 90 000. La moitié est distribuée par les autorités par tirage au sort, à des tarifs très bas. L'autre moitié remise à des agences de voyages agréées, qui facturent des sommes faramineuses, l'équivalent d'au moins cinq ans de salaire. Même ceux qui peuvent se le permettre essaient de contourner le système pour économiser plusieurs milliers d'euros.
Juste avant le pèlerinage, l'Arabie saoudite a annoncé qu'elle avait refoulé plus de 300 000 personnes dotées d'un simple visa de touriste, mais au moins 400 000 autres ont réussi à passer entre les mailles du filet. Quelque 400.000 personnes sur un total d'environ 1,8 million de participants. Les autorités du royaume, pourtant mises en cause dans l'accueil parfois chaotique des pèlerins officiels, ne se sentent aucunement responsables. "L'État n'a pas failli, disait vendredi un haut dignitaire, les pèlerins ont fait une erreur d'appréciation n'ont pas mesuré les risques encourus".
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