Des artistes annulent leurs concerts en Tunisie pour dénoncer le traitement des migrants subsahariens

"Nous ne voulons pas faire le show à Carthage en ayant connaissance de la situation actuelle". C’est par ces mots sur les réseaux sociaux que les rappeurs Big Flo et Oli ont annoncé l’annulation de leur concert prévu mercredi 2 août dans la ville tunisienne.
Article rédigé par Aurélien Colly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un migrant d'origine africaine s'effondre d'épuisement et de déshydratation à son arrivée près de la frontière d'al-Assah (Libye). (MAHMUD TURKIA / AFP)

Il y a quelques jours le rappeur congolais Gims, qui devait être tête d’affiche d’un festival en Tunisie, a pris la décision de supprimer sa prestation. "Des enfants, des femmes, des hommes, expulsés de la Tunisie vers la Libye, vivent dans des conditions inhumaines. Je ne peux pas maintenir ma venue" face à cette "détresse extrême insoutenable", a-t-il expliqué, en accompagnant ces messages de photos qui circulent sur les réseaux sociaux, partagées par les garde-frontières libyens qui ont recueillis ces migrants perdus en plein désert, totalement déshydratés, brûlés par le soleil.

Morts d’épuisement

Après la mort d’un Tunisien début juillet, à la suite d'affrontements entre migrants et habitants, dans la ville de Sfax, les autorités tunisiennes ont décidé de chasser des centaines d'Africains. Selon l'ONG Human rights watch, au moins 1 200 ont été arrêtés, emmenés vers la frontière, où ils ont été abandonnés, avec l’ordre de marcher vers la Lybie, sous un soleil de plomb, avec très peu d'eau, très peu de nourriture. Les témoignages recueillis auprès de ces migrants subsahariens sont accablants pour les forces de sécurité tunisiennes. 17 sont déjà morts d'épuisement.

Silence des autorités tunisiennes

L'ONU a dénoncé ces expulsions, appelée au respect des droits humains et de la dignité, réclamée des solutions urgentes. Le Croissant rouge tunisien a recueilli plus de 600 migrants dans des camps de fortune installés dans la zone tampon entre les deux pays, mais ils sont encore des centaines à errer dans le désert. La Tunisie est pointée du doigt, mais la Libye aussi parce qu’elle refuse leur réinstallation sur son sol.

Il est trop encore pour savoir si la décision de Big Flo & Oli et de Gims d’annuler leurs concerts en Tunisie fera bouger les choses. Jusqu’à présent les autorités tunisiennes nient tout mauvais traitement et il n’y a pas de mobilisation du milieu culturel tunisien sur le sort de ces migrants, en plein été, en pleine vacances, en pleine période touristique. Ces annulations pourraient en entrainer d'autres et provoquer une prise de conscience en Tunisie. En France aussi peut-être, car la destination finale de ces migrants reste l'Europe, qui a fermé ses portes et transféré le problème aux pays du Maghreb.

 

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