Conquête spatiale : la Chine sur la rampe de lancement, en 2024
Si la France a son livre blanc de la défense, la Chine, elle, a son "livre bleu" de l'espace. Ce document, qui détaille chaque année les ambitions de l'Empire du milieu, vient d'être rendu public, lundi 26 février. Et cette année, ça va dépoter : 100 lancements différents sont prévus, contre 67 l'an dernier, qui était déjà une année record.
Au total, cela signifie que plus de 300 satellites chinois seront mis en orbite. Il y aura aussi deux vols habités vers la station Tiangong, inaugurée il y a deux ans, et la mise en route des toutes dernières fusées porteuses, dont les Longue Marche-12, parmi les plus puissantes au monde, capables d'envoyer une masse de six tonnes à 700 kilomètres d'altitude.
Pékin veut dépasser l'Inde, le tout dernier membre du club, mais surtout dépasser les historiques, la Russie et les États-Unis, pour devenir en 2030 la première puissance spatiale au monde. Objectif fixé par le président Xi Jinping.
L'obsession de la lune
La Chine s'est lancée dans la conquête spatiale avec grosso modo 50 ans de retard. Mais quand elle commence à investir, tout va très vite. En 2003, elle devient le troisième pays capable d'envoyer seul un humain dans l'espace. Le premier taïkonaute, Yang Liwei, est un héros national. Ensuite, puisque les États-Unis ne veulent pas d'elle dans l'ISS, la station spatiale internationale, elle construit sa propre installation.
Explorer la Lune est aussi son obsession. En attendant d'y envoyer des humains, la Chine y achemine des robots. En 2019, l'un d'eux se pose même sur la face cachée, ce que personne n'avait jamais réussi à faire. En 2021, elle fait aussi atterrir un robot sur Mars.
Les États-Unis dominent toujours le secteur
Mais il lui faudra du temps avant de pouvoir réellement concurrencer les États-Unis. Cette année, comme en 2023, il y aura encore beaucoup plus de lancements américains que chinois. La grande différence, c'est le développement des vols commerciaux. L'an dernier, SpaceX, la firme d'Elon Musk, a lancé à elle seule 96 fusées - quasiment deux par semaine - pour continuer son déploiement de satellites internet Starlink. C'est le rythme qu'elle suit d'ailleurs depuis le début de l'année.
Certes, Pékin encourage aussi le développement des sociétés privées (elles sont trois au moins à faire des essais cette année), notamment pour le projet Guo Wang, qui compte près de 13 000 satellites et qui est souvent considéré comme un rival de Starlink, avec des applications civiles et militaires. Mais le secteur reste largement dominé par l'entreprise d'État, la CASC, qui en 2024 va encore assurer sept lancements sur dix.
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