Cinéma : au Liban, les démêlés de "Barbie" avec la censure

Le blockbuster américain signé Greta Gerwig fait polémique au Liban, où sa sortie a déjà été reportée à trois reprises.
Article rédigé par franceinfo - Noé Pignède
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'actrice Margot Robbie à Londres, lors de l'avant-première de "Barbie" le 12 juillet 2023 (CAT MORLEY / AVALON / MAXPPP)

Le film Barbie cartonne en ce moment sur les écrans en France aux États-Unis, en Chine… La superproduction rose bonbon explose le box-office partout. Sauf dans le monde arabe, où elle n'est pas encore sortie. Au Liban, le film n’a pas été formellement interdit pour le moment, mais sa diffusion a déjà été décalée trois fois, sans raison officielle. Les Libanais devront donc attendre la fin du mois d’août pour voir Barbie sur grand écran, mais beaucoup craignent un nouveau report et accusent le gouvernement de vouloir tout simplement interdire le film.

La censure est en effet toujours une réalité quotidienne au Liban, très loin de l’image que cherche à véhiculer les autorités, celle d’un pays moderne, ouvert, proche de l’Occident. En réalité, un comité est toujours chargé d’autoriser ou d’interdire les pièces de théâtre, les livres ou les films avant leur diffusion. C’est un processus complètement opaque, où les partis politiques et les institutions religieuses, musulmanes comme chrétiennes, très conservatrices et ouvertement homophobes, sont discrètement consultées. Sous leur pression, des œuvres sont régulièrement censurées. Au mois de juin par exemple, le dernier Spiderman a été interdit parce qu’on y aperçoit, quelques secondes en arrière-plan, un drapeau bleu blanc et rose, symbole de la communauté transgenre. Aujourd’hui, beaucoup craignent que le film Barbie et son féminisme revendiqué ne subissent le même sort.

>>> Comment la poupée Barbie s'est jouée des stéréotypes sexistes pour devenir un symbole féministe

Les Libanais contournent la censure

Là où tout cela devient complètement hypocrite, c'est que même si le film finit par être interdit en salle les Libanais pourront quand même le voir chez eux, dans leur canapé, sur n’importe quelle plateforme de streaming.

C’est d’ailleurs comme cela qu’en janvier dernier, la série Fauda, qui raconte le quotidien d’agents secrets israéliens, est devenue numéro 1 sur Netflix au Liban. Le pays étant toujours officiellement en guerre contre Israël, les films qui y sont produits sont systématiquement interdits. Mais pour l’instant, internet reste un des derniers espaces de liberté qui échappe encore à la censure de l’État libanais.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.