Chine : après le Covid-19, reprise économique et tour de vis
En Chine, la grand-messe annuelle du régime communiste se termine aujourd'hui. Une semaine de réunions avec les 3 000 députés du pays. Le premier ministre a clos cette session avec un message : le pays a tourné la page du coronavirus.
C'est le mantra des autorités qui depuis plusieurs mois répètent que la Chine a vaincu la pandémie, "réussite stratégique majeure" dit le Parti communiste, tout comme le vaccin national distribué et même réclamé partout dans le monde. Bref, il est temps de passer à l'étape d'après : c'est sur la reprise économique que s'est concentrée la communication officielle de cette session.
On a eu droit à quelques annonces, comme le retour attendu d'une croissance à 6% pour 2021 (voire 8% si on suit les projections les plus optimistes), alors que l'an dernier, de manière toute à fait exceptionnelle, le régime n'avait avancé aucun chiffre. Dans les cinq ans qui viennent, le taux de chômage – en milieu urbain – doit également rester sous les 5,5% et les investissements dans le numérique vont considérablement se renforcer pour que le pays ne dépende plus des technologies occidentales. Intelligence artificielle, voiture électrique, aéronautique, Pékin vise l’excellence dans tous les secteurs qui comptent. À plus long terme, d'ici 2035 (citons le premier ministre, Li Keqiang), la Chine ne cache pas son ambition de devenir un : "pays socialiste moderne" dont le PIB par habitant sera multiplié par deux.
Approbation générale de la politique conduite par Xi Jinping
Sur le plan intérieur le chef de l’État sort renforcé de cette crise sanitaire. Il devrait même être candidat à un troisième mandat en 2022. De toute façon il a fait modifier la Constitution et peut en théorie se faire renommer président de la République autant de fois qu'il le souhaite. Et peu importe si l'image de la Chine s'est beaucoup détériorée à l'étranger : face à cet Occident hostile mais jugé sur le déclin, Pékin cherche à souder sa population, répond confiance en soi et nationalisme.
L'an prochain le Parti communiste fêtera ses 100 ans. "Un anniversaire qui n'est que le préambule d’une grande œuvre millénaire" disait il y a quelques jours le ministre des Affaires étrangères. Les critiques et les sanctions en raison du sort réservé aux Ouïghours par exemple, ça ne change pas la donne. Au prétexte de renforcer le sentiment d’appartenance à la communauté nationale, de lutte contre le terrorisme, Pékin maintient sa stratégie. Camps d'internement, endoctrinement, stérilisations forcées... Les États-Unis ou le Parlement canadien ont beau dénoncer un "génocide" en cours contre la minorité musulmane des Ouïghours, la France un "système de répression institutionnalisé", les appels au boycott ont beau se multiplier dans la perspective des Jeux Olympiques d'hiver en 2022, Xi Jinping reste de marbre.
Peu de sanctions possibles
La seule autorité juridique qui pourrait juger la Chine, c'est la Cour internationale de justice, mais Pékin n'acceptera pas d’y être jugé. Et puis à l’ONU, toute procédure est vouée à l'échec en raison du droit de veto de la Chine. Seules les sanctions économiques sont de nature à assouplir la position chinoise, mais elles sont pour l'instant embryonnaires. Lors de cette session les députés ont d'ailleurs validé une nouvelle loi électorale pour Hong Kong qui leur permet de s'assurer que tous les nouveaux élus seront des patriotes fidèles à Pékin. Cela s'appelle du resserrage de vis. La démocratie a encore quelques coups à prendre.
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