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Au Portugal, bientôt la fin des “visas dorés”

Un titre de séjour en échange d’un investissement dans le pays : le gouvernement portugais va abandonner ce mécanisme controversé.
Article rédigé par franceinfo - Frédéric Says
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Vue générale de Lisbonne (Portugal). (STÉPHANE MILHOMME / RADIO FRANCE)

Le principe du "visa doré" est simple. Un permis de résidence est octroyé à celles et ceux qui investissent au moins un million d’euros dans l’économie portugaise ou qui achètent une maison à plus de 500 000 euros. Ce système existe au Portugal depuis 2012. À l’époque, on sort de la crise financière, les caisses sont vides, et le gouvernement veut les renflouer. C’est un succès : 12 000 visas spéciaux sont accordés, dont la moitié à des investisseurs chinois, mais aussi de nombreux Brésiliens et Américains.

Le mécanisme est attractif pour les millionnaires du monde entier. Vous avez un pied-à-terre au Portugal, vous n’êtes pas obligé de vous y installer à plein temps et ce permis de séjour portugais vous permet en plus de voyager librement en Europe, dans toute la zone Schengen. Bref, ce visa doré remplit ses objectifs et les caisses de l'État : en une décennie, presque sept milliards d’euros ont été récoltés.

L'immobilier a flambé de +75% en dix ans

Le gouvernement portugais veut mettre fin à ce système parce que l’effet collatéral de cette ruée vers le Portugal, c’est l’explosion des prix de l’immobilier : +75% en dix ans. Dans les sondages, neuf Portugais sur dix se plaignent d'une crise du logement. Impossible de vivre dans les grandes villes et dans les zones touristiques. Il faut partir toujours plus loin du centre. C’est donc pour freiner la spéculation immobilière que le gouvernement portugais a annoncé cette mesure, en fin de semaine dernière. Elle doit être entérinée définitivement dans un mois. Et pour tous ceux qui ont déjà obtenu un visa doré, ils pourront le garder, mais à condition de s'installer définitivement au Portugal. Ou de remettre leur appartement sur le marché locatif.

Le Portugal n’est pas le seul pays à abandonner ce système des visas dorés. L’Irlande a pris une décision identique. Là aussi, le mécanisme avait été lancé en 2012 pour stimuler l’économie après la crise. Et là encore, le gouvernement fait machine arrière. Si vous aviez l'intention de postuler, c'est trop tard : le guichet spécial a fermé la semaine dernière. L’une des conditions, c’était de posséder tout de même une fortune personnelle d’au moins deux millions d’euros.

En Irlande, ce n’est pas la spéculation immobilière qui est en cause, c’est plutôt l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent. Le gouvernement irlandais le reconnaît : il ne peut pas vraiment contrôler d'où viennent les capitaux. Raison pour laquelle Bruxelles fait les gros yeux. L’Union européenne appelle tous les États membres à abandonner ce système des "visas coupe-file", ou des "passeports de complaisance". Sous pression, Chypre et la Bulgarie y ont aussi renoncé. Pour l'heure, il reste un pays, Malte, qui fait toujours de la résistance.

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