Argentine : en 2024, Javier Milei poursuit son programme, ses outrances et ses provocations

Le fantasque président argentin est arrivé au pouvoir avec fracas le 10 décembre. Outrance et provocation... en 2024, on ne change pas une recette qui gagne.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Javier Milei, le président argentin, le 10 décembre 2023. (ENRIQUE GARCIA MEDINA / MAXPPP)

Casser les codes, agir sans filtre, révolutionner la façon de faire de la politique : c'est sa marque de fabrique, et il s'y tient. Samedi 30 décembre, Javier Milei déboule sur la scène où sa nouvelle compagne, une artiste très connue, termine l'enregistrement en public d'une émission de télévision.

Fatima Florez se jette dans ses bras, l'étreinte est fougueuse, ça n'en finit pas - lui en costume sombre de président, elle en body lamé or, hyper échancré avec jambières assorties. Jusqu'à ce baiser totalement impudique avec la langue, parfaitement placé devant les caméras et sous les chahuts du public. Et ensuite, comme si de rien n'était, une prise de parole politique.

"La situation est compliquée" dit Javier Milei, "très compliquée. On travaille sept jours sur sept, 24 heures sur 24 pour démêler le bordel (le "quilombo") qu'ils nous ont laissé. Des mois difficiles nous attendent. Mais ça en vaut la peine. On va se remettre d'aplomb et en sortir plus forts". Moitié spectacle, moitié meeting... et tout pour faire le buzz. Un mélange des genres qui sur les réseaux sociaux a choqué de nombreux Argentins.

La résistance s'organise

"Des mois difficiles" : sur ce point aussi Javier Milei reste fidèle à ce qu'il avait promis. Une révolution libérale, avec dérégulation massive de l'économie. Sauf que la résistance s'organise.

Depuis décembre, des dizaines de milliers de manifestants sont déjà descendus dans les rues, quasiment chaque soir les concerts de casseroles résonnent dans les quartiers et une grève générale est prévue le 24 janvier. Jamais en 40 ans de démocratie un président argentin n'a été confronté si tôt à une telle opposition. 

Les citoyens contestent un méga-décret entré en vigueur la semaine dernière (qui abroge plus de 300 textes existants) et un méga-projet de loi aux... 664 articles qui doivent passer devant le Parlement. Restriction du droit de grève, privatisation d'une quarantaine d'entreprises, suppression de l'encadrement des loyers.... Même pour ses partisans, ce programme ultra-libéral censé enrayer la descente aux enfers de l'Argentine va trop vite et trop loin. Avec la même brutalité le 2 janvier, Milei a limogé sans préavis les plus hauts dirigeants de l'armée, le plus grand remaniement militaire en vingt ans.

Refus d'entrer dans le club des BRICS

Sur le plan international, là aussi, ses décisions sont incomprises. Le 1er janvier, le club des BRICS a pris une nouvelle dimension. Cette enceinte à vocation économique, qui regroupe le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud et cherche à faire contrepoids à l'influence occidentale, a été rejointe par cinq nouveaux pays : l'Égypte, l'Iran, l'Éthiopie, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis. Mais pas l'Argentine, qui pourtant figurait, elle aussi, sur la liste de ces invités VIP.


Hors de question, dit Javier Milei, de signer des "contrats avec les communistes". Sa décision suscite de l'incompréhension, de la déception, Il préfère se tourner vers les États-Unis, espérant, en échange de sa loyauté, des financements du FMI ou d’investisseurs privés. Une vision un poil caricaturale de la géopolitique... C'est sa marque de fabrique, à laquelle il reste totalement fidèle.

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