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Arabie saoudite : une conversion écologique pour l'image

En plein Dakar, l'Arabie saoudite a présenté cette semaine un projet hors norme de ville 100% écologique, "The Line". Alors que le royaume est toujours l'un des plus gros pollueurs de la planète.

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le prince Mohammed Ben Salmane le 10 janvier 2021 lors de la présentation du projet "The Line" (BANDAR AL-JALOUD / AFP)

C'est la dernière fantaisie futuriste du prince Mohammed Ben Salmane, qui a lui-même tourné la vidéo de promotion : "The line" est un projet de ville, pas très large, qui s'étire comme un ruban sur 170 kilomètres. Elle doit y accueillir 1 million d'habitants.

Une ville "zéro voiture, zéro route, zéro émission carbone", qui préservera, selon lui, "95% des ressources naturelles". Une ville où tous les services essentiels seront accessibles à pied en 5 minutes, avec des transports en commun à grande vitesse, alimentés par les énergies renouvelables. Le tout géré par l'intelligence artificielle. Objectif ? La voir sortir du désert en 2030. Pour l'instant tout cela n'existe qu'en images de synthèses.

Troisième producteur de pétrole

L'Arabie saoudite s'intéresse aux questions environnementales depuis que les cours du pétrole ont chuté et que le pays a décidé de diversifier son économie pour ne pas se retrouver avec des caisses vides... 

L'Arabie saoudite est toujours le premier exportateur de brut au monde mais depuis plusieurs années déjà, elle est redescendue au 3e rang des plus gros producteurs de pétrole, derrière les États-Unis et la Russie.

L'or noir, qui a été sa corne d'abondance, est aujourd'hui son talon d'Achille. MBS s'est donc lancé dans un gigantesque chantier de transformation du Royaume. C'est son projet "Vision 2030", dans lequel il envisage par exemple de multiplier par trois sa production d'énergie renouvelable d'ici deux ans, grâce au solaire.

"The Line" fait d'ailleurs partie d'un projet plus vaste de zone économique et touristique, NEOM, lancé il y a trois ans, qui lui sert aussi de vitrine écologique. Mais qui n'avance pas beaucoup : l'épidémie a plus que jamais fait chuter les cours du pétrole, et l'industrie tourne au ralenti.

Sur le papier, le discours officiel à destination de l'opinion internationale est appuyé : le pays est en train de faire sa mue, et, plus que d'autres, investit massivement dans les énergies renouvelables. Dans les faits, la conversion saoudienne aux bonnes pratiques environnementales encore embryonnaire.

L'Arabie saoudite contre l'Accord de Paris

Car le Royaume reste l'un des plus gros pollueurs de la planète. D'après l'OMS l'Arabie saoudite est l'un des pays les plus polluants et les plus pollués en termes de particules fines. En 2015, Riyad s'est par ailleurs mis tout le monde à dos en contestant l'objectif d'augmentation des températures de 1,5°C qui devait être fixé dans l'Accord de Paris. En décembre dernier, le pays n'a pas non plus jugé bon de participer au sommet de plus de 80 dirigeants qui célébrait l'anniversaire de cet Accord.

Signe de cette ambivalence : "La Ligne" disposera de "l'un des plus gros aéroports au monde". Pas de routes, donc, mais un trafic aérien exceptionnel... La conversion écologique est un travail de fond.

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