"Air Defender 23" : un message de dissuasion adressé à Vladimir Poutine
Cet entraînement défensif à grande échelle, qui simule une attaque contre l'un des pays membres de l'Otan, va durer une dizaine de jours. L'idée est née en 2018, en partie en réponse à l’annexion de la Crimée par la Russie, 4 ans plus tôt.
Avec la guerre en Ukraine, il est difficile de ne pas y voir une démonstration de force face à un pays qui a revendiqué sa supériorité aérienne. Le chef de l’armée de l’air allemande a beau dire que l'opération ne vise "personne" en particulier, le message de dissuasion adressé à Vladimir Poutine est limpide : pas un seul centimètre carré du territoire de l'Alliance ne peut être menacé.
Le scénario prévoit des simulations de bombardements de villes ou de ports, des déplacements de troupes, des formations opérationnelles et tactiques. C'est la Bundeswehr, l'armée allemande, qui assure le commandement.
10 000 hommes, 250 avions
Au total, 10 000 personnes sont mobilisées, quasiment 250 avions. Il s'agit aussi pour les différentes armées de l'Otan de tester leur capacité à communiquer et à travailler ensemble (ce qu'on appelle l'inter-opérabilité). Les 25 armées mobilisées engagent 23 modèles différents d'avions de combat.
Tout ce petit monde évoluera dans l'espace aérien allemand, mais aussi tchèque, letton et estonien. Ça ne sera pas sans conséquence sur le trafic civil : les aéroports de Berlin, Francfort et Munich ont été autorisés à étendre leurs horaires d'ouverture, mais selon le syndicat des contrôleurs aériens, il y aura malgré tout des annulations et des retards alors que les vacances scolaires commencent dans certaines régions d'Allemagne.
Le rôle central des États-Unis
À elle seule, l’armée américaine envoie une centaine d’appareils, la moitié du contingent engagé. Son objectif, c'est de tester sa réactivité à traverser l’Atlantique en cas de crise majeure en Europe.
Là encore le message est clair : les États-Unis sont bien de retour en Europe en tant que principale garantie de sécurité du continent et ils continueront à l'être (à condition que ça - c'est à lire entre les lignes - que les 27 se montrent un peu plus solidaires et mettent un peu plus la main à la poche pour alimenter le budget de l'Otan).
Selon l’ambassadrice des États-Unis en Allemagne, Amy Gutmann, "Air Defender 23" ne sera pas un exercice régulier. Tout en précisant : "Nous ne souhaitons pas que celui-ci soit le dernier".
D’autres exercices de déploiement aérien sont prévus dans les mois qui viennent. Fin juin, notamment, la France testera sa capacité de projection à très longue distance dans le cadre de l'opération "Pégase" : dix Rafale, cinq avions de ravitaillement et quatre appareils de transport A 400 M devront rejoindre la Malaisie en 48 heures avant de participer à un exercice global à grande échelle à partir de l’île de Guam.
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