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Afghanistan : les femmes bannies des séries télé et les femmes journalistes désormais obligées de porter le voile à l'écran

En Afghanistan, les talibans, au pouvoir depuis trois mois, demandent aux télévisions de ne plus diffuser de séries avec des femmes ainsi que les émissions de divertissement pouvant être considérées comme offensantes.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La présentatrice Shukria Niazai présente l'émission "Adalat" dans un studio de télévision à Kaboul (Afghanistan), le 15 mars 2020. (WAKIL KOHSAR / AFP)

Les directives qui bannissent les femmes des séries télé sont édictées par l'un de ces ministères propres aux régimes islamiques : le ministère de la Promotion de la vertu et de la Prévention du vice, chargé de veiller au respect de la charia dans l'espace public. Il a été installé en septembre en remplacement du ministère des Affaires fémnines.

Les télévisions doivent désormais éviter de proposer feuilletons et séries romantiques dans lesquels jouent des femmes. Sont également interdits les films considérés comme contraires aux principes de la charia, la loi islamique ou qui propagent des valeurs culturelles étrangères. Interdites les émissions de divertissement pouvant être considérées comme offensantes.

Quant aux femmes journalistes, elles doivent désormais porter le voile à l'écran. Le texte ne précise pas s'il s'agit d'un simple foulard ou d'un vêtement plus couvrant.
Depuis la prise du pouvoir par les talibans à la mi-août, c'est la première fois que ce ministère fait explicitement et officiellement pression sur les médias.

Plusieurs dizaines de radios et télés privées

Un ministère qui a pourtant laissé de tristes souvenirs quand les talibans sont arrivés pour la première fois au pouvoi. Entre 96 et 2001, jusqu'à ce que le régime soit renversé par les Américains, ce même ministère avait interdit toutes formes de divertissement. Les Afghans surpris en train de regarder la télévision étaient punis, leur poste détruit, avoir un magnétoscope chez soi pouvait conduire à une séance de flagellation publique, il n'y avait plus de cinémas et une seule station de radio, Voice of Sharia, qui diffusait la propagande islamique.

Or en 20 ans, le paysage médiatique a complètement changé. Soutenu par les Occidentaux et les investissements privés, l'Afghanistan a vu émerger plusieurs dizaines de stations de radios et de télévisions privées proposant de tout, concours type Nouvelle star, clips vidéos, feuilletons turcs et indiens, émissions de libre antenne. Les femmes, qui dans les années 90 n'avaient plus le droit de travailler ni d'étudier, y étaient devenues très visibles. Trop sans doute pour les fondamentalistes qui font tout aujourd'hui pour de nouveau les effacer de l'espace public.

Les filles et les femmes ni à l'école, ni au travail

Les talibans ont pris d'autres mesures contre les femmes : leur instruction n'est pas explicitement interdite mais la plupart des cours pour filles dans les collèges, lycées et universités publiques n’ont pas repris et dans les universités privées, les talibans ont demandé que les étudiantes soient voilées.

Dans les services publics, ils n'ont toujours pas autorisé les femmes à reprendre le travail, comme à Kaboul où le maire a demandé aux employées municipales de rester chez elles, sauf si leur poste ne peut pas être occupé par un homme.
Des combattants ont par ailleurs à plusieurs reprises frappé des journalistes qui couvraient des manifestations de femmes.

Leur offensive de charme destinée à montrer un visage plus modéré pour rassurer la communauté internationale ne trompe plus personne. En Afghanisan, dans un pays en plein délabrement économique, la peur et l'obscurantisme sont de retour.

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