Vianney : "Je suis un petit-fils de résistant, la liberté, c'est sacré dans notre famille"

L’auteur, compositeur, interprète et parolier Vianney est l’invité exceptionnel du Monde d'Élodie Suigo du 12 au 16 août 2024. Cinq jours, cinq chansons pour mieux connaître cet artiste incontournable de la scène musicale française.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Vianney au stade de France le 8 septembre 2023 à Saint-Denis. (LAURENT LAIRYS / MAXPPP)

Vianney est l’invité exceptionnel du Monde d'Élodie. L'occasion de revenir sur cinq moments forts de sa vie avec cinq chansons de son répertoire extraites de ses quatre albums, parmi lesquels le petit dernier, sorti le 10 novembre 2023, qui renferme des duos et des trios : À 2 à 3. En moins de dix ans, il a su s'imposer sur la scène musicale française avec des titres qui célèbrent le sentiment amoureux, la séparation, la famille, la nostalgie, les saisons, la solitude, mais le tout systématiquement avec le sourire.

Ses titres Pas làJe m'en vaisVeronicaBeau-papa ou encore ses collaborations avec Gims sur le titre La Même ou encore avec Ed Sheeran sur Call On Me, ont d'ores et déjà été incorporées dans toutes les playlists. Un parcours jalonné de nombreux prix comme le dernier en date, en 2024, celui de l’artiste masculin de l’année aux Victoires de la musique. Rangé des concerts pour le moment, celui qui aime vivre en osmose avec son public et les artistes qui font partie de son cercle se dévoile.

franceinfo : L'auteur, compositeur et interprète que vous êtes, laisse rarement indifférent, d'autant plus qu'à chaque nouvel album, vous affinez votre écriture. Vos mots, ne sont-ils pas là pour soigner les maux ?

Vianney : En tout cas, je constate que dans un premier temps, ça soigne les miens. Après, oui, on peut dire que ça accompagne les gens dans des moments difficiles de leur vie. Ça, c'est évidemment mon plus gros salaire. C'est le sourire reconnaissant de quelqu'un dans la rue, à la fin d'un concert. Ça m'arrive et c'est ce qui me rend plus heureux, c'est ce qui donne du sens à ce que je fais. Sinon, ce ne serait que du fun. Pour moi, ça prend une autre dimension quand ça fait du bien à l'autre, c'est évidemment plus intéressant pour moi.

Vous avez tellement de pudeur qu'on ne se rend pas systématiquement compte que presque tout est autobiographique, alors que ça l'est.

Oui, exactement.

Vous êtes incapable d'inventer une chanson si vous ne ressentez pas les sentiments et les émotions.

Exactement. Et surtout, je vais la chanter derrière, donc il faut que je l'assume. Il faut que je sois honnête. Et je le suis dans mes chansons plus que dans la vie. Dans la vie, je suis honnête comme on l'entend, mais globalement, il y a quand même plein de trucs que je cache, que je ne dis pas, normal, je me préserve ainsi que les miens.

"Le format d'une chanson m'autorise à vraiment me montrer tel que je suis."

Vianney

à franceinfo

En 2020, vous sortez votre album N'attendons pas. Un album qui est particulier avec la pandémie, qui sort le premier jour du deuxième confinement. Vous avez décidé qu'il fallait le sortir parce que c'était une prise de conscience.

Oui, il y avait évidemment la question de tout décaler qui s'est posée comme pour beaucoup et à juste titre, puisque c'est vrai qu'il y a des projets qu'on travaille pendant des années et là, tout était réduit à peau de chagrin, donc c'était dur. Mais mon label, honnêtement, ce sont vraiment des gens courageux, ce sont des indépendants. Tout est plus dur tout le temps, ils sont habitués. Donc ce sont des courageux et on s'est dit : "Les gens ne peuvent plus sortir de chez eux, on leur ferme les rayons de livres..." Il faut se souvenir de ça ! Les rayons de livres et de disques étaient fermés, c'était surréaliste.

La culture était devenue non essentielle.

Exactement. On se souviendra tristement de ça. Mais bon, on s'est dit : "Qu'importe, maintenons cette sortie, parce que c'est ce qu'on a vendu aux gens en leur disant qu'on arrivait avec des chansons et il y en a peut-être qui comptent dessus, il ne faut pas lâcher". Je crois qu'il y a eu énormément de mauvaises décisions au mètre carré à cette époque et je crois que celle-là a été philosophiquement une bonne.

Je voudrais qu'on aborde ce phénomène qui est le plus important pour vous quand vous écrivez : la liberté d'expression. D'où vient ce besoin de liberté ? Cela vient-il de votre grand-père qui vous a tant donné ?

Forcément, il y a contribué, ça doit être familial, mais c'est parce que je suis un humain. Tous les humains qui nous regardent ont juste envie d'être libres. On s'habitue à des libertés, on les banalise, mais dans le monde d'aujourd'hui, nous, on est extrêmement libres. En revanche, nos libertés peuvent être parfois menacées, donc il faut se battre pour ça. Je suis un petit-fils de résistant. La liberté, c'est un truc dans notre famille qui est sacré et ça coûte. Il faut mettre ses peurs de côté. C'est plus compliqué d'aller chercher la liberté, mais il faut se battre, quelle que soit l'échelle du combat, il y en a plein. Il ne faut jamais oublier que la liberté est sacrée.

Ce grand-père a été un symbole pour vous, une ligne de conduite. À votre tour, vous êtes devenu un guide sans le vouloir, par les hasards de la vie, par les rencontres, en devenant beau-père. Je voudrais qu'on aborde cette chanson qui a été adoptée par le public français d'une façon extraordinaire. D'où vient la chanson Beau-papa ?

Elle vient de l'amour que j'ai développé, auquel je ne m'attendais pas pour une petite fille qui n'était pas la mienne, c'est la situation de plein de gens, donc ça peut être une vraie adoption, mais aussi comme moi, de simplement devenir beau-père ou belle-mère.

"Mon amour pour cette petite fille est infini pourtant ce n'est pas ma fille. Il y a quelque chose de mystérieux à ça et c'est beau. Je voulais le raconter dans 'Beau-papa'."

Vianney

à franceinfo

C'est une forme d'amour à part, parce que forcément, l'enfant ne vient pas de nous, on ne pourra jamais remplacer les liens du sang. Mais j'ai quand même vraiment constaté que la famille ce n'était pas que les liens du sang.

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