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Vianney : "Me confronter à des univers musicaux différents du mien me rend heureux"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi 10 novembre 2023 : l'auteur, chanteur et parolier Vianney. Il sort aujourd'hui son quatrième album "À 2 à 3", composé de duos et de trios avec des artistes incontournables.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Vianney au Printemps de Bourges, le 20 avril 2022. (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Vianney est sans conteste l'un des artistes préférés des Français. Sa place dans le monde musical s'est faite naturellement avec un parcours réalisé jusque-là sans faute. Sa cote de popularité n'a cessé de s'étoffer depuis la sortie de son premier succès, Je te déteste en 2014, qui a suscité a contrario beaucoup d'amour de la part du public, même de la part de la critique et du métier qui ont assisté un peu sans voix à l'arrivée de l'ovni qu'il est.

Vendredi 10 novembre, Vianney sort son quatrième album, À 2 à 3, soit 18 titres inédits, dont un qui existe en deux versions : studio et acoustique. C'est plus qu'un album classique de duos, c'est un focus sur ce qu'on souhaite faire de notre vie, avec Renaud, Zazie, Ed Sheeran, Mika, MC Solaar, Florent Pagny, Mentissa, Ben Mazué, Jean-Louis Aubert.

Vianney sera aussi le parrain de l'édition 2023 du Téléthon qui aura lieu le 8 décembre prochain.

franceinfo : Dans l'album À 2 à 3, il n'y a pas de reprises, il n'y a que des inédits, que des histoires fabriquées finalement. Vous sentez-vous artisan plus qu'autre chose ?

Vianney : Bricoleur même, parce que je ne sais jamais où ça va. Je le fais avec passion, j'ai mes méthodes pour réaliser tout ça. Je me laisse porter évidemment par la personne que j'ai en face de moi, son histoire, la mienne, là où j'en suis dans ma vie aussi, cela donne forcément quelque chose de fait maison.

Il y a une vraie caisse de résonance avec nos vies, notre quotidien, notre façon de voir le monde, peut-être d'aborder les autres aussi. Est-ce que le fait d'apprendre à mieux vivre ensemble n'est pas le point de départ ?

Ah oui, oui ! En fait, cet album, c'est ça. Sans m'en rendre compte, je ne me suis pas dit : je fais un projet militant, pas du tout.

"Je constate que me confronter à des univers musicaux différents du mien, à des gens différents, me rend heureux parce que ça me fait vraiment progresser."

Vianney

à franceinfo

Ça me fait emprunter des chemins auxquels je ne suis pas habitué, ça me bouscule. J'ai le sentiment d'avancer, d'être meilleur chaque jour et c'est ça qui nous épanouit.

Le duo avec Renaud est quand même celui qui ressort le plus dans l'émotion. Si les émotions sont fortes dans chacune des chansons, là on sent que c'est un moment particulier. Ce n'est pas un hasard d'ailleurs, si vous avez souhaité figer les larmes sur une vidéo. C'était perturbant d'entendre Renaud chanter votre texte, vos mots ?

Oui, c'était bouleversant. Chaque fois que j'entends une voix que j'aime bien, qui d'un coup chante dans le micro, je l'ai dans mes oreilles parce que j'enregistre, ça me fait toujours un truc dingue. Mais là, c'était Renaud. C'était encore différent. Parce que c'est toute l'enfance qui vient, et puis tout son vécu. Renaud, on l'aime aussi parce qu'on a suivi sa vie, les addictions dont il a parlé, ses renaissances et on entend tout ça dans sa voix. C'est aussi le thème de cette chanson, c'est un peu testamentaire, c'est une leçon de vie ! Et sa vie a été tellement riche et tumultueusen que même quand il ne chante que deux mots, je l'entends tout de suite. Donc ça me bouleverse.

Je voudrais qu'on parle de la chanson Debout avec Éric Devillers, un ancien sans-abri que vous avez rencontré à travers l'association Hiver solidaire, association dans laquelle vous êtes totalement engagé. Ça, c'est aussi l'une de vos particularités, de ne pas oublier d'où vous venez et de conserver ce qui vous touche, l'essentiel.

Oui, mais je n'ai pas le choix en plus, c'est ma vie. Mon vrai quotidien est quand même fait des amis que j'avais avant et des engagements que j'avais avant. Déjà étudiant, j'allais dans cette association. Maintenant, j'ai forcément moins le temps, mais je leur suis toujours fidèle et j'y ai fait des rencontres comme celle d'Éric qui termine cet album. Ce n'était pas prévu. Je n'aurais jamais imaginé ça. Mais il se trouve qu'à l'époque où il était sans-abri, il m'avait donné un texte fabuleux sur son histoire. On l'a mis en musique et il se retrouve à côté des gens qu'il aime bien, c'est chouette.

Après le succès d'Et Bam, vous remettez le couvert avec Mentissa dans une chanson où vous vous mettez totalement à nu : Je me guéris. Le texte met en exergue notre difficulté à exprimer ce que l'on ressent. Vous qui avez toujours les mots justes, est-ce dur d'exprimer ce qu'on ressent ?

Je n'ai pas le sentiment d'avoir les mots justes. En chanson, je m'en sors mieux, mais dans la vie de tous les jours, non.

"Cette chanson ‘Je me guéris’ parle du jour où on comprend que, en faisant preuve non pas d'impudeur mais de détachement, il y a quand même beaucoup de choses qui s'améliorent."

Vianney

à franceinfo

Dans le détachement, il y a le fait de s'ouvrir sur nos sentiments, nos émotions. C'est sûr qu'on est plus vulnérable d'un coup, parce qu'on s'expose, mais en même temps, c'est libérateur. C'est ça, la maturité et ça prend du temps.

Votre regard sur le monde a-t-il changé depuis vos débuts ?

Bien sûr. En fait, je n'avais aucune conscience, ne serait-ce que pour le milieu de la musique, tout ça, c'est évidemment plus dur que ce que je croyais humainement parlant. Mais comme le dit Orelsan dans une chanson : Il y a des connards dans la musique, oui, mais toujours moins que dans le ciné ! J'aime beaucoup mon milieu de travail, que ce soit les artistes ou les attachés de presse, les producteurs. J'ai rencontré des gens incroyables. Il y a vraiment des gens que j'aime dans mon métier. Après, forcément, il y a des désillusions parce que quand j'ai débarqué, j'étais étudiant, donc je ne savais rien de la vie, j'ai dû grandir.

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