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"Quand on est musicien, c'est un rêve caché", Alain Chamfort revisite ses tubes en version symphonique

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le musicien, chanteur et compositeur, Alain Chamfort. Il vient de sortir un nouvel album : "Symphonique Dandy" qu’il interprétera sur scène en mars et juin prochain avec l’orchestre national de Montpellier-Occitanie.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le chanteur Alain Chamfort sur la scène du festival des Francopholies de La Rochelle, le 13 juillet 2019. (XAVIER LEOTY / AFP)

Alain Chamfort est musicien, chanteur et compositeur. Il nous accompagne depuis plus de 50 ans. D'abord, aux côtés de Jacques Dutronc, puis avec Dick Rivers, Claude François, Véronique Sanson, il se lance, enfin, en solo avec le titre : Manureva, écrit par Serge Gainsbourg en 1979. Il vient de sortir un nouvel album : Symphonique Dandy, une sortie vinyle collector est prévue le 18 mars prochain. Il sera également en concert le 11 mars au Grand Rex à Paris, le 2 juin à Rennes, le 3 juin au Théâtre Anne de Bretagne à Vannes.

franceinfo : Dans ce nouvel album, Symphonique Dandy, 17 de vos chansons incontournables sont revisitées et réarrangées, en symphonique par Nobuyuki Nakajima, avec 51 musiciens de l'Orchestre national de Montpellier-Occitanie. Comment avez-vous vécu ce travail intensif, fort et collectif aussi ?

C'était magnifique. Moi, je n'ai jamais espéré pouvoir vivre une chose pareille un jour. Quand on est musicien, c'est un rêve caché, comme ça, mais il faut vraiment qu'on ait une bonne étoile ou qu'on bénéficie d'une proposition comme celle de Valérie Chevalier, qui est la directrice de l'Opéra de Montpellier, et également de l'orchestre qui a eu cette idée d'imaginer que mon répertoire ou une partie du moins pouvait se prêter à ce type de traitements, d'arrangements symphoniques. Et elle avait raison.

Comment avez-vous vécu le fait de laisser la main à quelqu'un d'autre ? D'habitude, vous maîtrisez tout, et là, vous avez vraiment axé votre rôle sur l'interprétation. Est-ce que cela vous a fait du bien d'ailleurs ?

Totalement. C'est-à-dire que je suis incapable d'écrire des orchestrations pour un orchestre symphonique. Je peux, comme je l'ai fait bien souvent, écrire en studio avec des musiciens et leur donner les indications parce que je suis musicien moi-même. Mais écrire pour les pupitres de bois, de cordes et tout ça, je ne sais pas le faire. Donc, il fallait vraiment travailler avec un spécialiste.

J'ai eu la chance de travailler avec Nobuyuki Nakajima, qui, justement, avait préalablement écrit aussi des arrangements pour Jane Birkin. Comme on est dans un registre un peu similaire avec Jane en terme vocal, on n'a pas des voix puissantes, des voix un peu fragiles, l'orchestration doit donc, à la fois pouvoir s'exprimer au mieux et en même temps respecter cette tessiture et cette fragilité vocale. Comme il avait réussi à le faire avec Jane Birkin, je me suis dit : il n'y a pas de raison qu'il ne le fasse pas avec moi et donc, on a travaillé comme ça et on a découvert la réalité quand l'orchestre a commencé à jouer.

Est-ce que ça a modifié aussi votre regard sur vos titres que vous pensiez connaître par cœur ?

Les orchestrations, c'est comme la musique de cinéma, c'est-à-dire qu'il y a quelque chose qui vient ajouter une valeur émotionnelle.

Alain Chamfort

à franceinfo

Bien entendu, quand je chantais, j'étais porté par ces orchestrations et j'avais d'autres manières de placer ma voix et d'essayer de m'harmoniser avec ce que j'entendais. Et c'était aussi des moments où j'étais un peu ému moi-même, en réalisant tout ça. Il fallait garder, malgré tout, le contrôle. Il y a quelque chose de tout à fait unique, effectivement, et auquel je n'étais pas encore vraiment tout à fait prêt.

Il y a un lâcher-prise dans ce disque. Je pense notamment à la chanson Les microsillons. Vous vous mettez à nu dans l'interprétation.

On est quand même assez aidé pour pouvoir le faire et je dois dire que c'est un plaisir différent de pouvoir justement essayer d'être totalement dans ce qu'on est en train de faire, d'être juste dans l'interprétation, dans ce qu'on est en train d'évoquer. Essayer d'être comme un comédien en quelque sorte, essayer d'être plus juste avec ce que l'on est en train de raconter.

Sauf que le rôle principal, c'est quand même le vôtre. Quand on regarde les 17 chansons, elles représentent une partie du film de votre vie.

Oui, c'est étrange. On avait choisi toutes les chansons, mais je n'avais pas fait ce cheminement qui était de les placer les unes à la suite des autres. Et puis, à un moment, il y a une évidence qui s'est installée comme ça, il y avait une vraie narration avec ce garçon qui, d'abord, vient de se présenter, puis après, à qui il arrive une histoire amoureuse et la rupture. Et puis voilà l'errance, la reconstruction.

Vous l'avez dit, ce point de départ était une proposition pour effectivement faire un concert avec des arrangements différents, avec un orchestre symphonique avec vous. Vous serez le 11 mars prochain au Grand Rex, une salle qui est vraiment un écrin d'ailleurs pour un orchestre symphonique. Vous appréhendez de monter sur scène ?

C'est vrai qu'il y a une appréhension parce que ce nombre de musiciens est assez impressionnant. Vous ne pouvez pas vous tromper, vous n'avez pas le droit à l'erreur parce qu'autant quand on est une petite équipe avec les musiciens avec lesquels j'ai l'habitude de travailler et souvent, on est deux d'ailleurs, le pianiste Thierry Eliez et moi, il y a vraiment tout un espace pour pouvoir improviser. S'il y a une petite erreur, les gens nous pardonnent facilement, on reprend, on raconte une histoire, une bêtise et ça repart. Là, on n'a pas le droit parce qu'ils sont là, derrière, et eux, ils avancent, ils continuent, ils ne vous attendent pas. Oui, on est obligé d'être très concentré et puis, c'est notre métier. En même temps, on est là pour cela, on ne va pas se plaindre.

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