Pierre Niney, lobbyiste sans états d’âme dans "Goliath" : "Le questionnement moral et humain est fascinant"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’acteur, réalisateur et scénariste, Pierre Niney. Il est à l’affiche, mercredi 9 mars, du nouveau film de Frédéric Tellier, "Goliath".
Pierre Niney est acteur, réalisateur, scénariste. Touche-à-tout, il est le plus jeune pensionnaire de la Comédie-Française qu'il a quittée en 2015, le plus jeune césarisé, cette même année, pour son rôle d'Yves Saint-Laurent dans le film Yves Saint Laurent de Jalil Lespert. Mercredi 9 mars sort le film Goliath, de Frédéric Tellier. Il y incarne Matthias, un lobbyiste qui œuvre pour une entreprise agrochimique qui vend des produits comme des OGM et des pesticides, dévastateurs pour la santé.
franceinfo : Goliath est un thriller psychologique et est inspiré de faits réels. C'était important pour vous de faire partie de ce film ?
Pierre Niney : Oui très important, surtout que c'est un sujet qui me touche beaucoup et je pense qu'il faut que les citoyens s'en emparent encore plus. Alors, c'est forcément un peu déprimant parce qu'à chaque fois qu'il y a des votes ou qu'on essaie de consulter la population, on n'en tient pas vraiment compte. J'avais très envie de raconter ce film qui est, effectivement, très bien documenté, de retravailler avec Frédéric Tellier et de faire un rôle que je n'ai pas forcément l'habitude de faire.
De plus en plus, vous incarnez des rôles forts, ça fait partie de votre envie d'évoluer ?
Je vieillis et des rôles se proposent à moi, mais il n'y a aucune stratégie, c'est un peu par la force des choses. Là, typiquement, j'ai influé sur le rôle du lobbyiste.
"C'était super intéressant de travailler ce personnage de lobbyiste et à la fois, ça faisait très peur."
Pierre Nineyà franceinfo
Au début, Frédéric Tellier m'imaginait dans le rôle de l'activiste tenu par Emmanuelle Bercot, qui devient activiste par la force des choses. Mais moi, tout de suite, j'avais très envie de ce rôle de lobbyiste. Je trouve que le questionnement moral et humain est fascinant. Le but n'était pas de le diaboliser, pas de faire quelque chose de manichéen, mais essayer de faire quelque chose de nuancé, de montrer son humanité, de comprendre pourquoi un être humain peut se retrouver là-dedans, un peu piégé ou pas, victime ou coupable. C'est ça qui nous intéressait avec le réalisateur.
Vous aimez varier les plaisirs ?
J'adore. J'ai commencé au théâtre, donc je ne visualise pas ce métier autrement qu'en faisant des choses différentes. Dès que je finis un film sérieux, j'ai envie de faire de la comédie et inversement. Je commence à produire. Ça a toujours été assez naturel pour moi, je n'ai pas vraiment cherché à faire ça à tout prix pour brouiller les pistes ou pour je ne sais quoi. J'ai envie de faire tout ça.
Père professeur de cinéma, maman qui travaille sur des manuels de loisirs créatifs... Est-ce qu'on peut dire que vous êtes un peu un enfant de la balle ?
Oui, un petit peu. Mes deux parents étaient profs donc, je suis enfant de profs. Je suis très fier parce que il y a un enseignement remarquable en France et que les profs sont des gens qui sont capables vraiment d'inspirer fort et dont le job est très difficile, donc je suis sensible à l'éducation et l'école publique. Je dirais donc : fils de profs et dans un univers créatif, j'ai eu cette chance. Ils m'ont transmis des valeurs assez simples : juste l'idée d'être heureux en faisant ce qu'on fait, en choisissant ce qu'on veut faire.
Vous avez été très vite admis aux auditions de la classe libre du Cours Florent et êtes devenu le plus jeune pensionnaire de la Comédie-Française. Comment avez-vous vécu ce passage-là ? Avez-vous eu le temps de grandir, de profiter ?
J'ai eu le temps de profiter. Ça m'a rendu service parce que du coup, peut-être qu'au moment où des jeunes gens se posent encore des questions, se cherchent encore, moi, j'étais vraiment déterminé à jouer et à être acteur.
"Je profite plus des choses maintenant, peut-être mieux qu'avant, lorsque j'étais un jeune homme pressé."
Pierre Nineyà franceinfo
Maintenant, je rentre dans une nouvelle phase de ma vie, peut-être plus agréable d'une certaine manière, où je prends un peu plus le temps de profiter de chaque chose, de bien goûter chaque chose, de bien-être au présent, ce qui est un travail de tous les jours.
La Comédie-Française a été un truc énorme pour moi. Quand j'ai appris que j'y rentrais, c'était on ne peut plus inattendu. On ne peut pas postuler pour la Comédie-Française, il faut qu'on vous propose de rentrer au Français. Donc, c'était une surprise énorme et ça paraissait très, très irréel quand même.
Quand vous avez reçu ce César du meilleur acteur et le Prix Patrick Dewaere pour Yves Saint Laurent. Comment l'avez-vous vécu ?
C'était une énorme surprise. C'était une soirée magnifique et j'étais honoré d'être reconnu par mes pairs, si jeune. Quand j'y repense, j'avais l'impression d'avoir pris de la drogue, de planer complètement pendant les deux heures. Un détail, bête, mais quand je repense à cette soirée, je me rappelle toujours que j'avais mon portable dans la poche de ma veste et pendant que je parlais au micro, je sentais la chaleur hyper forte contre moi. Et c'est qu'en sortant de scène, que j'ai sorti mon portable et il était brûlant parce que j'avais genre 175 SMS qui étaient arrivés en l'espace d'une minute trente et le portable avait surchauffé.
Vous avez toujours été très engagé dans les rôles qu'on vous a confiés. C'est important pour vous d'être juste ?
C'est un peu la deuxième leçon que j'ai reçue de mes parents, c'est de faire quelque chose qui rend heureux : "Si tu le fais, il faut le faire bien". Je pense que la moindre des politesses pour les spectateurs et pour la profession qu'on représente, c'est d'essayer de comprendre vraiment ce qu'est ce job, bien se documenter, faire des recherches presque journalistiques pour arriver le jour J sur le plateau de cinéma et d'être la personne qui connaît le mieux le sujet de tout le plateau. C'est important pour moi.
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