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"Partir avec mes potes et retrouver Mike Tyson au fin fond de la Colombie, c’est assez fou" : Franck Gastambide raconte le tournage de "Medellín"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, comédien et réalisateur, Franck Gastambide. Ce vendredi 2 juin 2023, Franck Gastambide sort son nouveau film : "Medellín" sur Prime Video.
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
Franck Gastambide (THOMAS SAMSON / AFP)

Franck Gastambide est de cette catégorie d'artiste qui touche un peu à tout, à la fois acteur, producteur, réalisateur et scénariste. Son choix à lui, c'est justement de ne pas en faire. C'est la web-série de Canal+, Kaïra Shopping, qui l'a propulsé sur le devant de la scène et sous le feu des projecteurs en 2009. Un beau parcours pour ce passionné et spécialiste des chiens de type molosse qui est recruté comme dresseur de chiens pour le tournage du film Les Rivières pourpres en 2000, ce qui lui permet de mettre un pied dans le septième art avec Mathieu Kassovitz.

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Suivront des films en tant que réalisateur Pattaya en 2016, Taxi 5 en 2018 ou encore la série Validé en 2020-2021. Ce vendredi 2 juin 2023, Franck Gastambide sort son nouveau film Medellín sur Prime Video. C'est une comédie d'aventure tournée en Colombie avec Ramzy Bedia, Anouar Toubali, à Medellin même, avec en guest-star Mike Tyson en personne.

franceinfo : Quelle idée d'aller tourner à Medellín avec Mike Tyson !

Franck Gastambide : Oui, il n'y a que le cinéma qui peut nous permettre de faire des choses comme ça, de réaliser des rêves comme ça. Et puis quelle aventure ! De partir avec mes potes Ramzy, Anouar et de retrouver Mike Tyson au fin fond de la Colombie, c’est assez fou, même quand je l'évoque.

C'est l'histoire d'un enlèvement, celui d'un petit frère avec comme ravisseurs des narcotrafiquants du cartel de Medellín et comme grand frère, incarné par Ramzy Bedia, un homme déterminé à ramener le petit à la maison. Ce qui leur donne à tous l'énergie, la détermination et le courage aussi, c'est l'importance des liens, de la famille, de l'amitié et vraiment de la loyauté.

Oui, c'est ça. Je me suis posé la question de ce qui se passerait si un de mes proches était enlevé pendant des vacances, par exemple en Amérique latine. Qu'est-ce que je ferais ? Est-ce que j'attendrais que l'État français soigne ses relations pour pouvoir le libérer ou est-ce que j'essayerais de faire comme le personnage de Ramzy, c'est-à-dire de monter une équipe et d'aller le retrouver ? Ça paraît complètement insensé et c'était un super terrain de jeu pour une comédie.

Pendant quatre mois, vous avez tourné en Colombie. Vous êtes allés rencontrer les Colombiens dans des quartiers très particuliers qui, évidemment, portent toujours les stigmates du passage de Pablo Escobar. Ce qui est étonnant d'ailleurs, c'est que la série Netflix l'a mis sur un piédestal et en même temps, son fils, Juan Pablo Escobar, était très mécontent de cette série, considérant que son père ne devait pas être porté aux nues, loin s'en faut, qu'il méritait justement qu'on prenne le temps de dire que ce qu'il avait fait n'était pas bien. C'est ce que vous faites dans le film !

Oui. Je vais même vous raconter une anecdote qui me mettait mal à l'aise parce qu'on a été extrêmement bien accueilli par les gens de ce Barrio Pablo Escobar dans lequel personne n'a jamais tourné de film. J'étais très fier d'y être. Les gens étaient très fiers qu'on y soit et en même temps, j'avais un peu l'impression de les tromper parfois parce que je n'allais pas faire un film à la gloire d'Escobar. C'est même l'inverse que je raconte. Je raconte que cette fascination pour cet homme est une aberration. On a été accueilli dans ce Barrio qu'on avait du mal à le quitter le soir. On restait avec ces gens, on a découvert la gentillesse d'une autre culture. On a vraiment adoré être avec eux et j'avais un peu l'impression de les tromper parce que parfois, ils me demandaient : "Mais Franck, toi, tu aimes Pablo ?" et je ne voulais pas les troubler. alors je répondais : oui, oui, alors qu'évidemment non. Mais je ne peux pas aller contre l'endoctrinement dans lequel ils ont grandi. En tout cas, j'ai vécu dans un paradoxe d'être avec des gens adorables que j'avais l'impression de tromper, alors que la vérité, c'est que je pense que ce sont eux qui se trompent.

Je voudrais qu'on parle de vous. Vous êtes entré dans le cinéma grâce à votre passion pour les chiens, vous étiez dresseur de chiens à la base. Cette passion vient d'où ?

Ma passion pour les chiens vient probablement d'un manque affectif.

Franck Gastambide

à franceinfo

J'ai découvert beaucoup trop tardivement que j'avais des handicaps invisibles qui sont la dyslexie d'abord, la dyspraxie, qui est un trouble de l'apprentissage, le dyscalculie qui est un trouble d'apprentissage des chiffres, et la dysorthographie qui, comme son nom l'indique, concerne l'orthographe. Donc, en gros, j'avais la totale : salade, tomates, oignons et avant de découvrir ça, j'avais un peu l'impression que j'étais un imbécile. Que j'étais celui qui décevait ses parents. Et je découvre dans le rapport avec les animaux d'abord le non-jugement et puis je développe du feeling, de l'instinct qui sont des choses essentielles pour le rapport avec les autres et aussi pour le rapport avec les animaux. Et pour la première fois, je suis compétent et capable de quelque chose. Les animaux m'ont clairement sauvé la vie.

C'est eux qui, du coup, vous attirent vers le septième art avec cette collaboration sur Les Rivières pourpres et cette rencontre avec Mathieu Kassovitz. Vous devenez amis très vite.

Moi, je suis né au fin fond de Melun et donc j'ai mis du temps à me dire que peut-être je pourrais faire partie de ce milieu un peu fou du cinéma.

Franck Gastambide

à franceinfo

Oui. C'est assez fou parce que Mathieu me fait comprendre sans s'en rendre compte, que finalement, ce milieu qui me paraît être complètement inaccessible, où j'ai l'impression que tout le monde arrive en hélicoptère et vit dans des palaces. Finalement, peut-être que je pourrais y avoir une place. Alors entre le moment où j'ai cette discussion avec lui et maintenant, il se passe plus de 20 ans. Le chemin est plus long que si j'étais né dans un milieu d'artistes. Mes ambitions professionnelles auraient été tout autre si j'étais né dans une famille de réalisateurs ou de gens qui travaillent dans le cinéma.

Le fait d'écrire, c'est une belle revanche sur la vie quand même ?

Ah oui ! Eh bien ça, je crois que si mes profs de français savaient qu'on me paye très cher pour écrire des scénarios maintenant, ils trouveraient ça complètement absurde. Mais cela dit, je n'en veux à personne dans le système scolaire et je n'en veux à aucun de mes professeurs qui pensaient que j'étais nul parce que moi aussi, je pensais que j'étais nul en vrai. Donc j'en suis là.

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