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"Il s’est enfermé dans les toilettes pour essayer d’entendre ma chanson" : les drôles de confidences de Zazie sur ses collaborations avec d’autres artistes

L'auteure, compositrice et interprète, Zazie est l’invitée exceptionnelle du Monde d'Elodie cette semaine. L'occasion de revenir sur son parcours artistique de plus de 30 ans avec cinq de ses chansons les plus emblématiques. Son dernier album, "Aile-P" est sorti en décembre 2022 et elle va entamer sa tournée "Airtour" en septembre 2023.
Article rédigé par franceinfo, Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Zazie aux Francofolies de La Rochelle en 2019. (THIERRY OLIVIER / HANS LUCAS / AFP)

L’artiste engagée, auteure, compositrice et interprète, Zazie, est l’invitée exceptionnelle du Monde d'Élodie. Son travail d'écriture a toujours été ciselé, constant. Elle a toujours soigné les mots et raconter des histoires qui parlent à tout le monde. Elle écrit, compose et chante pour et avec d’autres artistes. Elle a signé des titres comme Sucré salé (1992), Gravité (2022), Zen (1995), Allumer le feu (1998) pour Johnny Hallyday, Jacques a dit pour Christophe Willem (2007) ou encore les duos en 1996 avec Pascal Obispo Les meilleurs ennemis et en 2001 À ma place avec Axel Bauer.

Elle n’a de cesse de dire des choses, de faire avancer ou de faire évoluer les regards et les mentalités sur bon nombre de sujets de société, mais avec délicatesse et se retrouve être une des artistes les plus primées avec, par exemple, six Victoires de la musique.

>> Retrouvez tous les épisodes du "Monde d'Elodie" consacrés à Zazie

Au total, elle est la maman de 11 albums studio, trois albums live et d'une fille qui s'appelle Lola. Cet ensemble, le studio, la scène et sa vie de famille, forme un équilibre parfait dans sa vie. On le ressent d'ailleurs dans chacun de ses albums et encore plus dans le dernier Aile-P , sorti en décembre 2022 et qu’elle jouera sur scène dans sa tournée des Zénith et des grandes salles, Airtour, dès le mois de septembre.

franceinfo : En 2008, elle a été nommé dans cinq catégories notamment pour votre album Totem a notamment marqué les esprits avec la chanson Je suis un homme. Et sur ces cinq nominations, vous allez remporter une récompense, mais elle ne concerne pas Totem, elle concerne le titre Double Je de Christophe Willem. Au début, vous avez vraiment hésité à travailler avec Christophe Willem parce que vous aviez un emploi du temps surchargé, vous avez mis du temps à lui dire oui.

Zazie : J'avais même l'intention de lui dire non ! J'ai commencé par lui dire non. C'est-à-dire qu'Olivier Schultheis m'avait parlé du fait que Christophe Willem disait qu'il aimerait bien travailler éventuellement avec moi, etc. Je lui dis : bah écoute, il est charmant ce jeune homme. Moi, j'avais complètement craqué en regardant la Nouvelle Star, mais je vais lui dire que ce n'est pas possible. "Oui, mais tu sais, il est vraiment sympa". Je lui répondu : faisons un déjeuner, je vais lui dire que ce n'est pas possible. Je trouvais ça un peu moche de lui prendre un déjeuner pour lui dire : pas possible, mais bon, finalement, ça a lieu. Je lui dis que je reste une demi-heure, etc. Je reste une demi-heure, il était là en train de manger et tout en mangeant, je lui demandais ses goûts musicaux, mais comme ça, on parlait un peu poliment. Il me disait par exemple : "J'adore... " et puis il chantait et ne terminait pas : "Tiens, elle est bonne la salade". C'était aussi fluide que ça, il parlo-chantait, il chanto-parlait, j’ai rarement entendu une voix comme ça quoi. Donc, du coup, je me suis entendu répondre : d'accord, mais on essaie sur une, tout en me disant : mais pourquoi tu dis ça ? Et puis en fait, on en a fait deux, trois ou quatre : Jacques a dit (2007), Safe text (2007), Lovni (2014) et plus tard Nos balles perdues (2017).

"J'avais l'intention de dire : ‘non’ à Christophe Willem !"

Zazie

à franceinfo

L'une des premières collaborations aura lieu avec Pascal Obispo, en 1996. Vous allez beaucoup travailler ensemble par la suite comme sur la chanson Les meilleurs ennemis que vous allez interpréter en duo. Et puis il va y avoir ce travail fait autour de Johnny Hallyday. Vous êtes la maman d'allumer le feu !

Il en faut bien une ! Pascal Obispo avec qui j’avais travaillé au tout début puisqu’on a signé à peu près en même temps avant qu’il ne soit connu et que je n’avais jamais trop lâché de vue, m'appelle un soir d'août. Il me dit : "Bonsoir, qu'est-ce que tu fais ?" Je lui ai répondu que je m'ennuyais. "Euh, est-ce que tu pourrais donc faire une chanson ? Ce serait pour l'ouverture du Stade de France". J'ai dit : d'accord, mais de qui ? "Eh bien de Johnny. Et si tu pouvais nous livrer ça pour hier, c'est-à-dire demain, ce serait très commerçant. Allez, bonne nuit !" Mais vraiment.

"Quand Pascal Obispo m’a proposé d’écrire pour Johnny Hallyday, c’était un peu la guerre dans mon esprit et en même temps très réjouissant."

Zazie

à franceinfo

C'était une des premières fois où je travaillais le texte sans avoir de mélodie. Je n'aime pas ça du tout. Donc je me suis fait une mélodie dans ma tête. Il valait mieux qu'il n'y ait pas trop de témoins parce que j'étais en train de déambuler et d'essayer de faire Johnny, donc ça ne voulait rien dire. Je me suis fait une liste de ce que m'évoquait Johnny. J'avais envie de lui faire un texte de gladiateur. On était au Stade de France tout de même ! C'est ce que j'ai fait. J'ai envoyé les paroles à Pascal Obispo le lendemain. Dans la semaine, je reçois un fax de Johnny qui me dit : "Elle n'est pas mal cette chanson". Et puis je me suis retrouvée trois mois après, en l'entendant avec moult fumigènes au Stade de France, ça ne voulait rien dire, c'était magique !

Ce qui ressort de tout ça, même de vos collaborations, c'est que vous avez d'abord un esprit rock. Il y a un côté très animal dans votre façon d'être, dans votre façon d'écrire, dans votre façon de ressentir aussi.

Oui, si j'ai commencé à écrire et à faire de la musique, je pense que c'était pour dire les aspérités, pour dire le noir, pour dire le sombre, pour dire le truc qui ne va pas. Je pense que si j'allais très bien, je n'aurai peut-être pas eu ce rapport à la musique. Donc oui, il y a forcément un peu de rock dans ce côté un peu colère, frustration, envie de crier !

Beaucoup vous ont fait confiance, beaucoup ont changé aussi, ont décidé d’aller sur des chemins qu’ils n’imaginaient pas possibles ou leur correspondre. Je pense à Calogero avec Pomme C par exemple.

Calogero, ce serait comme une correspondance de loin. Ça l’a été pour Pomme C et ça l’est encore, c’est-à-dire qu’en même temps, on s’envoie des vrais messages avec nos vraies voix à n’importe quelles heures du jour et de la nuit. On ne se répond pas toujours à trois heures du matin, mais on a vraiment la même passion pour la musique, pour en tous cas cette partie-là de composition. Donc, il n’y a pas d’heure ! Je me souviens d’une fois, où je lui avais envoyé un bout de texte et puis en général, je lui chantais le début et là, il décroche. Il était à une soirée donc, j’entendais les beats de la musique derrière lui. C’était difficile qu’il m’écoute, mais j’étais fière de mon texte ! Je lui ai dit : oh, c’est dommage que tu ne l’écoutes pas comme c’était vraiment bien. Il me répond : "Attends, je m’enferme dans les toilettes". Il s’est enfermé dans les toilettes pour essayer d’entendre… Donc, on est riches de tous ces moments-là qui sont géniaux, quoi !  

Zazie sera en concert le 9 septembre à Bourgoin-Jallieu au festival Les belles journées, 16 septembre 2023 à Dijon, le 21 à Nantes, le 22 à Rouen, le 28 à Bordeaux, le 29 à Toulouse, le 30 à Aix-en-Provence. Le 6 octobre à Caen, le 7 octobre à Rennes et le 13 octobre à Paris.

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