Pascal Obispo : "Je suis redevenu un artisan et je pense que c'est ce qui me va le mieux"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Vendredi, le chanteur, compositeur et interprète Pascal Obispo, pour la sortie de son nouvel album "France".
Auteur, compositeur, interprète, Pascal Obispo reprend son répertoire sur la plateforme Obispo All Access lancée en janvier dernier et sort vendredi 29 octobre un nouvel album physique intitulé France, avec des chansons initialement composées pour France Gall en 1997.
franceinfo : Obispo All Access, c'est un véritable laboratoire de création, d'évasion aussi. C'est comme ça qu'on peut le définir ?
Oui, évasion et forcément, évasion rime avec liberté, liberté d'agir, liberté de créer. C'est absolument fantastique. Je suis bien, comme dirait Céline Dion.
Aujourd'hui il y a un album qui sort, qui s'appelle France. Ça symbolise France Gall à qui vous avez à l'époque présenté des chansons à la demande de son producteur.
En 1997, je suis en train de travailler sur l'album de Florent. Il m'a déjà pris la chanson Savoir aimer, et je travaille aussi en même temps sur l'album de Johnny. Et Luigi Calabrese, patron d'un label chez Sony, me demande de faire un album pour France Gall, tout simplement.
J'étais déjà un peu occupé, mais comme j'étais aussi très investi par mon nouveau job de compositeur, je me suis dit pourquoi pas, on va essayer. Même si je savais que France Gall avait décidé d'arrêter la musique, je me suis mis à composer des chansons. Donc j'ai appelé mes camarades et on a essayé d'être raccord avec ce qui aurait pu être un nouvel album de France Gall, avec les thématiques qu'elle aimait, notamment Sa raison d'être qui est une thématique autour de l'humanitaire finalement.
Je suis arrivé chez France, on a dîné. Et puis, après le dîner, j'ai été invité à jouer sur le piano de Michel Berger, un beau piano blanc, et j'étais de dos à l'assistance qui était composée du patron du label, de France Gall et Raphaël, le fils de Michel et France. Et j'ai chanté Sa raison d'être. J'ai chanté Chanter, puis une autre chanson. Puis elle s'est approchée du piano et elle m'a dit cette phrase qui est devenue le gimmick de la présentation de cet album : "Oui, c'est Michel, mais c'est pas Michel." Ça s'est terminé comme ça. Je l'ai plus jamais revue et je me suis retrouvé avec douze chansons, avec en point d'orgue Sa raison d'être, qui est devenu, grâce à France Gall, l'hymne du Sidaction.
Et puis il y a eu, vous l'avez dit, Chanter, avec Florent Pagny. Cela dit, ce qui est fort dans cet album, c'est qu'on découvre vraiment des arrangements qui sont complètement différents. On a l'impression de découvrir des nouvelles chansons.
Oui, parce qu'en fait, chaque artiste a une identité. Alors évidemment, pour Sa raison d'être, je l'ai un petit peu laissé, mais finalement j'avais enlevé le balancé si particulier que j'avais travaillé pour France.
Oui, on redécouvre des chansons finalement. Là, j'ai tout refait, comme ce que je voulais proposer à France. Et c'est en travaillant sur l'application Obispo All Access que j'ai retrouvé les maquettes originales. Et je me suis dit c'est marrant, on devrait s'amuser à refaire toutes ces chansons, pourquoi on ne sortirait pas un album physique. Je pense que c'était celui qui était le plus fédérateur et qui avait peut-être la plus belle histoire, puisque c'est une autre histoire de France.
J'ai l'impression qu'avec cette plateforme vous vous êtes révélé davantage à vous même.
Ce qui n'est pas nécessaire, c'est la frustration, c'est la prison, c'est le fait de nous donner en tant qu'artiste des limites. On ne devrait plus s'appeler des artistes dans le monde dans lequel on vit. C'est terrible puisqu'on est enfermés dans des formats et aussi du style. Vous êtes obligés de rester dans le style pour lequel vous avez été connu et apprécié, etc. On n'aime pas trop changer. Le multi-facettes ne marche pas tellement.
Alors l'idée de faire cette plateforme justement me permet de pouvoir me sevrer, me libérer en tant qu'artiste, auteur compositeur. Je fais toutes les idées que j'ai envie de faire, du jazz, du flamenco, de la musique classique. On va porter mon cercueil avec toutes ces chansons. On s'amusera à constater qu'effectivement j'étais riche de curiosités. J'ai toujours été très curieux de tous les styles de musique possibles.
Un mot sur A qui dire qu'on est seul. Cette chanson est très symbolique aussi.
C'est vrai qu'on a réfléchi au niveau des textes et A qui dire qu'on est seul, c'était une chanson contextuelle. C'était compliqué. Elle avait perdu son homme. Raphaël son papa. Et puis là elle venait de perdre la petite. Donc, c'est un peu une chanson de consolation qu'aurait pu chanter France pour son fils et pour toutes les personnes qui perdent des êtres chers. Ce n'est pas une chanson que j'avais chantée ce soir là, mais c'est vrai que cette chanson c'était ça.
Pour terminer, vous êtes serein Pascal Obispo aujourd'hui ?
Totalement. Je suis redevenu un artisan en fait. Et je crois que en tant que fils de paysan, petit fils de vignerons et de paysans, je pense que c'est ce qui me va le mieux, ce côté un peu sauvage, avec, par moments, quand il le faut, mettre un costume pour venir à la ville.
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