Cinéma : "Mon rire est une arme de protection", les confidences de Daniel Prévost dans son autobiographie
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’acteur, humoriste, écrivain, Daniel Prévost. Il publie "Autobiographie de moi par moi" aux éditions du Cherche-Midi.
Daniel Prévost est acteur, humoriste, écrivain. C'est acteur truculent du paysage culturel français depuis plus de 50 ans a presque tout fait : amuseur pour la radio et la télé avec Jean-Christophe Averty, Daniel Gélin, mais aussi des sketches pour la célèbre émission La caméra invisible. Chroniqueur emblématique du Petit Rapporteur de Jacques Martin, avec un reportage devenu culte et qui fait partie du patrimoine de la télévision, celui de Montcuq.
Depuis ses débuts avec Gérard Pirès, Michel Audiard ou même Jean Yanne et son rôle remarqué dans Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972), il est impossible de ne pas citer le film Le Dîner de cons (1998), pour lequel il a reçu les César du meilleur second rôle. En résumé, il est une figure emblématique du cinéma français et il publie Autobiographie de moi par moi aux éditions du Cherche-Midi.
franceinfo : Autobiographie de moi par moi est surprenant, décapant, drôle. L'humour semble vous avoir apporté une protection parfaite.
Daniel Prévost : Oui, il n'y a que ça, sinon on tombe. J'ai un sac à dos rempli de pierres. A chaque fois qu'il m'arrive une chose plus ou moins drôle, eh bien, je ramasse cette pierre et je la mets dans mon sac qui devient plein. C'est comme ça que je fais mon parcours.
Vous racontez votre premier rôle avec Jean Yanne et Annie Girardot dans Erotissimo (1969). Et puis il va y avoir Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Ce rôle de faux-cul va changer votre vie.
C'est-à-dire ça va changer ma vie, ça va changer la vôtre ! C'est vous qui me regardez, me voyez de telle ou telle manière. A partir de là, on dit : "Oh Prévost, il a une tête de faux-cul, il joue le faux cul !" Donc j'ai enquillé au moins 20, 25 rôles de faux-cul, c'est tout à fait logique.
Il y a eu des moments difficiles. Vous avez eu pas mal de difficultés de santé, mais en même temps, ça vous a aussi, je l'impression, changer le regard ?
Oui, bien sûr. C'est-à-dire qu'à chaque fois, c'est une épreuve à subir dont vous devez sortir vainqueur. C'est ça le truc. Jusqu’à maintenant, j'ai eu assez d'énergie pour sortir vainqueur de plusieurs épreuves qui me sont arrivées.
Vous racontez que vous étiez un enfant pas très doué pour l'école. Zéro en maths, un demi en physique, mais une bonne note en français au bac. Ça veut dire que l'art de l'oralité vous a intéressé dès le départ ?
Oui. C'est vrai. C'est tout à fait juste. J'ai tout de suite senti qu'il fallait que je me sorte de cette espèce de carcan scolaire. Et la seule possibilité, le seul moyen, c'était de faire rire. Et Dieu sait si j'en avais la possibilité et du répondant.
Quel enfant étiez-vous d'ailleurs ?
J'étais un petit garçon tout à fait normal, contrairement à ce que je suis devenu, c'est-à-dire un homme totalement anormal, un électron libre. Voilà.
C'est marrant parce qu'on sent que vous avez été attiré par ce métier d'acteur très jeune. Qu'est-ce qui fait que ça bascule ?
J'étais avec ma grand-mère à ce moment-là. Elle m'emmenait au cinéma et j'ai vu : Jeux interdits.
J'avais vu ‘Jeux interdits’ et je me suis un peu imaginé dans la peau de ce petit garçon. Il y avait une espèce de poésie triste qui me correspondait profondément.
Daniel Prévostà franceinfo
On vous entend toujours avec ce rire qui vous colle à la peau. Que représente-t-il pour vous ?
Je ne sais pas. Je dirais une arme de protection. Si je n'ai rien à dire ou si je suis emmerdé pour vous répondre, je rigole.
Il y a eu des moments difficiles par moments, et malgré tout dans ceux-là, il va y avoir des aventures humaines incroyables. Je pense au reportage de Montcuq. Vous racontez cette séquence dans votre livre. Quand vous partez là-bas rien n'est simple et c'est vraiment en arrivant sur place que vous décidez de terminer toutes vos phrases avec Montcuq.
Très franchement, je ne savais pas ce que j'allais faire. Les phrases à double sens me venaient comme ça et sur le coup, je ne m'en rendais pas compte. J'ai été reçu par le maire et il a tout de suite compris le double langage que je lui proposais.
Le maire de Montcuq a joué le jeu mais ne m'en avait pas fait part et c'est ça que j'ai trouvé formidable.
Daniel Prévostà franceinfo
L'une de vos plus belles récompenses, c'est le César pour Le Dîner de cons. Elle représente quoi cette récompense pour vous ?
Je sais que ça ne représente plus grand-chose pour moi. C'est-à-dire que quand les copains me disaient : "Pour toi, c'est formidable ! Si tu as un César, c'est un an de boulot !". Zéro. Je n'ai eu aucune proposition. Après c'est passé, il y a eu une autre année où j'ai fait deux ou trois bricoles, mais c'est tout.
Beaucoup de votre entourage a disparu. C'est dur à vivre ça ?
La seule fois de ma vie où j'ai pleuré, c'est au décès de Jean Yanne, parce que Jean a été une personne extrêmement bienveillante avec moi, gentille. J'ai tourné quand même cinq films avec lui. Il faisait appel à moi dès qu'il le pouvait. C'était un ami et il a beaucoup compté dans ma vie beaucoup.
C'est aussi la fidélité qui vous définit ? Vous avez toujours été fidèle à vos amis, au métier.
Oui, c'est la vérité. C'est comme ça, on ne se refait pas.
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