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Amanda Lear à contre-emploi sur les planches dans "Qu’est-il arrivé à Bette Davis et Joan Crawford" : "C'est une thérapie pour moi"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’actrice et chanteuse Amanda Lear.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Amanda Lear. (MARCO PIRACCINI)

Artiste pluridisciplinaire, Amanda Lear est actrice, animatrice de télévision, peintre, mannequin et fut la muse de Salvador Dali dans les années 1960. On compte deux actualités en cette rentrée 2021 pour elle, une pièce de théâtre : Qu'est-il arrivé à Bette Davis et Joan Crawford ? au Théâtre de la Porte-Saint-Martin jusqu'au 24 octobre et la sortie d'un nouvel album, le vingtième, Tuberose.

franceinfo : La tuberose n'est pas une maladie, c'est une fleur !

Amanda Lear : Oui, c'est ma fleur préférée. Il a fallu venir me chercher chez moi parce que je ne voulais plus rien faire. J'avais arrêté le théâtre il y a trois ans ainsi que la musique. J'avais eu une belle carrière, vendu plein de disques. J'arrivais à un certain âge et je voulais profiter de ma belle maison, mais brusquement, ils sont venus me chercher.

Qu'est-il arrivé à Bette Davis et Joan Crawford n'est pas l'adaptation du film de Robert Aldrich en 1962, mais bien de la conversation créée par Jean Marboeuf, entre les deux actrices, deux stars qui se sont opposées. 

C'est bien fait, parce que d'un côté, c'est vrai qu'elles se jalousent, et d'un autre, elles sont toutes les deux pareilles. C'est tellement bien vu cet Hollywood très cruel, qui ne fait pas de cadeaux aux femmes âgées, justement. L'idée de monter sur scène et d'interpréter cette actrice mythique, Joan Crawford, qui ne me ressemble pas du tout d'ailleurs, elle est brune, elle a de gros sourcils, m'a plu.

Chaque soir, dans la pièce, j'essaie de ressembler un petit peu à Joan Crawford. Ce qui me touche chez elle, c'est quand même qu'elle est assez pathétique. C'est un rôle dramatique.

Amanda Lear

à franceinfo

Je n'ai jamais fait que des pièces de boulevard. J'ai toujours fait rire. J'aime bien les vannes. Et là, pour une fois, je ne fais pas pleurer, mais enfin, c'est assez émouvant parce que c'est plus grave que d'habitude. Il y a des grandes tirades sur la vieillesse, les actrices qui tombent dans l'oubli, la peur de vieillir quand on est une star à Hollywood. Donc, pour moi, c'est intéressant de faire ça.

Mourir sur scène, est aussi votre but ?

Alors d'un côté, je me dis que mes fans m'ont vu tellement belle et sexy qu'ils vont être déçus de voir une vieille bonne femme. Donc, je me dis, il vaut mieux que je me cache. Et de l'autre, des gens me disent : "Mais non, arrête, accepte les nouvelles rides et les quelques kilos en plus et puis change de rôle". Je pense d'ailleurs que c'est une thérapie pour moi. Cela me fait beaucoup de bien d'exprimer des émotions. D'ailleurs, il paraît que dans les asiles de fous, on leur fait jouer du théâtre.

Quelles étaient vos premières amours ?

C'était la musique au départ. Personne n'y croyait. Tout le monde a dit : "Avec la voix qu'elle a, elle ne risque pas de vendre un disque". Et puis, quand ils ont vu que j'en avais vendu 25 ou 26 millions, ils se sont dits : "Qu'est-ce qui se passe ? " Il y a deux ans, Alexis Michalik m'a écrit une très jolie chanson en français qui s'appelait La rumeur. C'était une chanson à texte. L'idée est donc partie de là et on s'est dit qu'on allait faire pour la première fois un album en français avec des grands auteurs.

Personne ne s'attendait à me voir interpréter George Moustaki, Serge Gainsbourg, Alain Bashung, Miossec ou Barbara. C'est un petit peu mélancolique, donc ça m'a permis de montrer que je pouvais faire un peu autre chose avec ‘Tuberose’.

Amanda Lear

à franceinfo

Il y a un garçon qui a cru en vous très vite. Il s'appelait David Bowie. On est en 1975.

Sans lui, je ne serais pas là !

C'est lui qui vous donne cette confiance qui vous manquait pour aller chanter ?

J'ai encore du mal à avoir confiance en moi. J'étais mannequin alors il m'a dragué parce que j'étais mignonne, jolie. Et David Bowie m'a dit : "Tu as une voix... Je te jure, tu devrais chanter !" J'ai dit : "Non, arrête." David Bowie a été le premier à croire en moi. Il m'a payé des cours de chant, de danse et m'a mise sous contrat et briefée pendant deux ans. C'est vrai qu'avec lui, j'étais à une espèce d'école pour devenir star et j'ai beaucoup appris.

David Bowie était un garçon extraordinaire. J'ai toujours été attirée par les hommes, les créateurs qui sont un peu excentriques, comme Salvador Dali, David Bailey. Les gens qui sortent de l'ordinaire m'attirent beaucoup.

Amanda Lear

à franceinfo

Quand on écoute ce vingtième album : Tuberose, il y a beaucoup de vous. On a même l'impression que les textes ont été écrits pour vous, c'est quasiment du sur mesure.

Oui quelques-uns. Il y a un très beau texte de Barbara Le Bel âge. Vous savez, on vous dit : "Faites un effort pour voir le verre à moitié plein." C'est très difficile, je le vois souvent à moitié vide, mais je vois qu'il reste de la place pour mettre de la vodka.

Etes-vous indomptable ?

On dit : "Belle et rebelle"... Non, je me suis laissée dompter quelquefois.

Comment vous définissez-vous ?

Une survivante. J'ai survécu. Je pense à toutes ces années. Quand j'évoque David Bowie, c'est Jurassic Park, on se dit : "Elle a cent ans !" Tous ces gens sont morts, donc, je suis une survivante, mais qui n'a pas du tout la nostalgie. Ce qui m'intéresse, c'est ce que je vais faire demain et qu'elle va être la prochaine pièce. Je suis très curieuse.

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