Présidentielle reportée au Sénégal : "Ces mesures rappellent la violence de la répression" lors de précédentes manifestations, selon une chercheuse
Le Sénégal a plongé dans l'inconnu samedi 3 et dimanche 4 février avec l'annonce du report de l'élection présidentielle. "Il y a eu une réponse particulièrement musclée aux protestations qui ont éclaté à la suite de la décision du président Macky Sall de reporter le scrutin présidentiel, confirme Niagalé Bagayoko docteure en science politique spécialiste des questions de sécurité en Afrique francophone et présidente de l'African security sector un réseau de chercheurs et d'organisations spécialisé dans les questions africaines.
Des hommes et des femmes de tous âges, agitant des drapeaux du Sénégal ou portant le maillot de l'équipe nationale de foot, ont ainsi convergé dimanche en début d'après-midi vers un rond-point sur l'un des axes routiers principaux de la capitale. Les gendarmes, déployés en grand nombre, ont déclenché un tir nourri de gaz lacrymogènes pour les disperser. "Il y a eu l'arrestation d'une ancienne Premier ministre, Aminata Touré, et la suspension du canal télévisé de l'un des principaux médias, reprend la chercheuse. Ces mesures rappellent tristement la violence de la répression qui s'était abattue sur les manifestations en mars 2021 et juin 2023."
Des élections reportées "sine die"
Macky Sall a annoncé samedi, quelques heures avant l'ouverture officielle de la campagne, abroger le décret fixant la présidentielle au 25 février. C'est la première fois depuis 1963 qu'un scrutin présidentiel au suffrage universel direct est reporté au Sénégal. Envisage-t-il avec cette décision de conserver le pouvoir ? "C'est ce qui inquiète aujourd'hui, affirme Niagalé Bagayoko. Il a reporté 'sine die' cette élection. Son mandat est censé prendre fin le 2 avril. Et toutes les manifestations qui ont eu lieu au cours des deux dernières années avaient pour but de s'opposer à la possibilité qu'il se présente à un troisième mandat." Les Sénégalais voient dans ce report "une manœuvre du président, si ce n'est pour se maintenir à la tête de l'État, au moins pour favoriser l'émergence d'un candidat qui lui serait proche afin de conserver la main sur un certain nombre de dossiers", conclut Niagalé Bagayoko.
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