Crise au Sénégal : alors que les députés se penchent sur le report controversé de la présidentielle, l'accès à internet coupé à Dakar

Dans un climat explosif, ils examinent lundi une proposition de loi qui entérinerait le report du scrutin annoncé par le chef de l'Etat Macky Sall, samedi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président du Sénégal, Macky Sall, au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 19 février 2023. (AMANUEL SILESHI / AFP)

Le débat s'annonce houleux. Au lendemain de heurts entre des opposants et les forces de l'ordre à Dakar, les députés sénégalais examinent, lundi 5 février, une proposition de loi controversée sur le report de l'élection présidentielle, annoncé samedi par le chef de l'Etat Macky Sall. Ce texte repousserait de six mois maximum la date du scrutin. Son approbation, qui nécessite une majorité des trois cinquièmes des 165 députés, n'est pas acquise. Le vote est prévu en fin de matinée.

Dans ce contexte de crise politique, l'accès aux données mobiles internet était coupé lundi matin à Dakar, ont constaté les journalistes de l'AFP. 

Samedi, quelques heures avant l'ouverture prévue de la campagne électorale, Macky Sall avait déclaré avoir signé un décret ajournant la présidentielle qui devait avoir lieu le 25 février. C'est la première fois depuis 1963 qu'une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal, un pays qui n'a jamais connu de coup d'Etat, une rareté sur le continent.

Plusieurs dizaines de candidatures rejetées

Cette annonce a soulevé un tollé et fait craindre un accès de fièvre dans un pays réputé être un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest, mais qui a traversé différents épisodes de troubles meurtriers depuis 2021.

L'ajournement du scrutin a été annoncé sur fond de conflit entre l'Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, qui a validé en janvier vingt candidatures, un record, mais en a rejeté plusieurs dizaines d'autres. Deux ténors de l'opposition ont été exclus : Ousmane Sonko, en prison depuis juillet, et Karim Wade, ministre et fils de l'ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012).

Ce dernier a remis en cause l'intégrité de deux juges constitutionnels, réclamant le report de l'élection. L'Assemblée a approuvé la création d'une commission d'enquête sur les conditions de validation des candidatures, avec le soutien inattendu de députés du camp présidentiel.

Le président de la Commission de l'Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, a appelé lundi les Sénégalais à régler leur "différend politique par la concertation, l'entente et le dialogue".

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