Immigration : "La France est l'un des pays qui expulsent le plus", assure le directeur général de l’Office français de l’immigration
"La France est l'un des pays qui expulsent le plus", assure mercredi 24 janvier sur franceinfo le directeur général de l’Office français de l’immigration (Ofii) Didier Leschi. "Ce sont environ 12 000 personnes par an qui sont amenées par les forces de l'ordre à quitter le territoire", a-t-il précisé. Les demandes d'asile en Europe "ont augmenté de 17%" en 2023, explique Didier Leschi. Interrogé sur l'augmentation de 8% des demandes d'asile en France, le patron de l'Ofii précise qu'il s'agit d'un phénomène européen. L'Allemagne est le premier pays de destination, suivi par l'Espagne qui a accueilli "près de 160 000 personnes du continent sud-américain".
franceinfo : Combien de personnes sont concernées chaque année en France par des obligations de quitter le territoire français (OQTF) ?
Didier Leschi : C'est une disposition juridique qui permet à l'administration de savoir exactement quelle est la situation administrative de quelqu'un qui n'a plus le droit de rester sur le territoire mais qui a, en fonction des directives européennes du reste de notre législation, un mois pour quitter le territoire et qui peut être arrêté après la mise en œuvre d'une contrainte pour quitter le territoire. La France fait partie des pays qui expulsent le plus, selon le dernier rapport de la Cour des comptes sur la question de la gestion de l'immigration illégale. Ce sont environ 12 000 personnes par an qui sont amenées par les forces de l'ordre à quitter le territoire.
Le projet de loi immigration vise à une refonte du système d'asile, avec notamment une réduction des voies de recours. Si cette loi est adoptée, quelle serait la principale rupture ?
Il y a actuellement douze recours qui sont possibles pour quelqu'un qui doit quitter le territoire. L'enjeu de la loi, c'était de les ramener à trois. C'était une préconisation à la fois du Conseil d'État et de la commission des lois du Sénat. Plus largement, l'objectif de cette loi, si elle est adoptée dans un pays qui reste un grand pays d'accueil, c'est de durcir un certain nombre de conditions pour faciliter l'intégration. Il y a des conditions de langue qui sont posées.
"Il y a effectivement une volonté d'aligner notre dispositif juridique sur l'immigration familiale avec ce qui peut exister chez nos voisins."
Didier Leschi, directeur général de l'Ofiisur franceinfo
En particulier, il y a cette idée d'aligner les conditions de regroupement familial pour les conjoints de Français avec ceux des résidents. Aujourd'hui, par exemple, l'essentiel de l'immigration familiale, c'est le rapprochement des conjoints de Français. Un Français peut faire venir quelqu'un indépendamment des conditions de logement ou des conditions de ressources. Ce que propose le texte qui est sorti de la commission mixte paritaire, c'est d'aligner les conditions des Français sur les résidents.
Les demandes d'asiles sont à un niveau historique en 2023, en France comme en Europe…
Oui, la France a une augmentation de 8% de la demande d'asile. On est aux alentours de 145 000 personnes qui sont arrivées en France, essentiellement des Guinéens, Afghans, Bangladais… Il y a une augmentation globale en Europe de plus de 17%. Le premier pays qui est touché par l'augmentation de la demande d'asile est l'Allemagne, où on a 100 000 Turcs qui sont rentrés en Europe du fait de la situation économique en Turquie. L'Espagne est en 2023 le deuxième pays de la demande d'asile avec l'arrivée massive de personnes du continent sud-américain, avec près de 70 000 Vénézuéliens, 70 000 Colombiens, des Péruviens. 70% de la demande d'asile en Espagne vient du continent sud-américain.
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