Réforme des retraites : et si elle ne rapportait pas autant que prévu ?
La question de la réforme des retraites est toujours en suspens. Une réunion se tient mercredi 28 septembre à l’Elysée. Pour le gouvernement, cette réforme redonnerait des marges de manœuvres financières au pays, mais pas autant que prévu. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Selon le gouvernement, cette "réforme des retraites est indispensable pour notre pays, pour rétablir les comptes du régime" et Bruno le Maire estime que l’impact positif serait de 0,2 points de PIB, c’est-à-dire de richesse créée en plus sur la croissance.
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Ce calcul est simple : en augmentant le nombre de gens qui travaillent plus longtemps, on produit plus, cela fait des cotisations en plus et donc de l’argent qui rentre dans les caisses du régime selon le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (Cor). Par exemple, un recul de l’âge légal de 62 à 64 ans rapporterait 10 milliards d’euros par an. Mais ça, c’est pour la théorie.
"Effets de déversement"
Dans les faits, travailler deux ans de plus ne rapporterait pas autant car il y aurait aussi des dépenses supplémentaires, des coûts cachés. Plusieurs études se sont penchées sur ces effets négatifs, que les économistes appellent des "effets de déversement".
Presque un Français sur deux qui arrive à la retraite est sans activité, au RSA, au chômage, ou en arrêt maladie. Si le gouvernement recule l’âge, rien ne dit que ces seniors retrouveront un emploi. Du coup, pour eux, il faudra prolonger le versement des allocations chômage, du RSA, de pensions d’invalidité d’autant. Selon un rapport du Service statistique du ministère de la santé, si en 2019, on était passé de 62 à 64 ans, les pensions d’invalidité auraient augmenté de presque deux milliards. Et si les gens restent plus longtemps à travailler, il faut aussi prévoir des dépenses d’arrêts maladie, plus nombreux en fin de carrière, soit presque un milliard d’euros. Au total, les dépenses de prestations sociales auraient augmenté de plus de 3,5 milliards d’euros.
La réforme du gouvernement serait injuste et inefficace
Enfin, nous ne sommes pas tous égaux face à ce recul de l’âge. Ce sont surtout les femmes et les ouvriers qui seraient les plus pénalisés car ce sont eux, qui, en fin de carrière se retrouvent le plus souvent dans la précarité. Le risque sera donc qu’ils y restent encore plus longtemps avant de basculer dans un régime de retraite. C’est ce qui fait dire aux syndicats que la réforme du gouvernement est injuste et inefficace.
L’exécutif n’est pas d’accord et, malgré ces coûts cachés, il soutient que le bénéfice pour les finances publiques serait largement supérieur aux dépenses.
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